Afghanistan: les talibans lancent leur "offensive de printemps"

Le général John Nicholson, Commandant l'Opération Resolute Support et des forces américaines en Afghanistan, avant sa conférence de presse à Kaboul, le 14 avril 2017.(REUTERS/Omar Sobhani)

Les talibans afghans ont annoncé vendredi, "Journée des Moudjahidines", le lancement de leur offensive de printemps baptisée "Opération Mansouri", du nom de leur ancien leader, promettant de viser en priorité "les forces étrangères" pour les chasser du pays.

Dans leur communiqué, les talibans préviennent que "le principal objectif de l'Opération Mansouri sera les forces étrangères, leurs infrastructures militaires et de renseignement, et l'élimination de leurs mercenaires locaux".

"L'ennemi sera visé, harcelé, tué ou capturé jusqu'à ce qu'il abandonne ses derniers postes".

Quelque 12.000 soldats des forces occidentales dont 8.400 Américains sont stationnés en Afghanistan sous mandat de l'Otan, qui a déployé l'Opération Resolute Support après le retrait de la majorité des forces étrangères, fin 2014, pour former et appuyer les forces afghanes.

Mais en dépit de cet appui, l'armée et la police afghanes subissent de lourdes pertes et de nombreux revers: elles ne contrôlent plus que 57% des districts du pays, selon le Sigar, organisme du Congrès à Washington chargé de contrôler les activités et dépenses américaines dans le pays.

Le général John Nicholson, patron des forces américaines, a d'ailleurs estimé qu'il faudrait "quelques milliers d'hommes supplémentaires" pour venir à bout de l'insurrection.

Et le chef du Pentagone, le général Jim Mattis, en visite lundi à Kaboul, a prédit "une nouvelle année difficile" pour les troupes.

Outre les talibans, une branche locale du groupe Etat Islamique combat également le gouvernement de Kaboul, dans l'est. Trois soldats américains ont trouvé la mort dans ces combats depuis le début du mois, dont deux mercredi soir.

L'Afghanistan célèbre vendredi la "Journée des Moudjahidines" en hommage aux combattants qui depuis 1979 et l'invasion soviétique ont donné leur vie pour libérer le pays.

Dans cette tradition, les talibans promettent de recourir à tout un éventail de stratégies, de "l'attaque conventionnelle aux opérations de guérilla ainsi qu'aux attentats", précisant à leurs sujets qu'il pourra s'agir "d'attaques suicides, d'attaques complexes et d'attaques de l'intérieur" retournant des soldats ou des policiers contre leurs pairs.

- 'Justice et développement' -

Ces attaques sont particulièrement redoutées car elles atteignent fortement le moral des troupes.

Les talibans ont ainsi revendiqué l'assaut contre une base militaire afghane le 21 avril, qui a fait 135 tués et 64 blessés selon le ministère de la Défense, principalement de jeunes recrues en formation.

Trente-cinq membres du personnel de la base ont été interpellés suite à ce désastre pour être entendus dans le cadre de l'enquête.

Le mollah Mansour avait été tué le 22 mai 2016 par la frappe d'un drone américain en territoire pakistanais. Il avait pris la tête des talibans afghans après l'annonce en juillet 2015 de la mort de son prédécesseur, le leader historique mollah Omar.

Preuve qu'ils se sentent confortés par leurs gains territoriaux, les talibans promettent aussi dans leur communiqué d'opérer simultanément "sur deux axes, militaire et politique".

"Cette année, l'Opération Mansouri sera différente des précédentes par sa nature", assurent-ils: "Dans les régions nettoyées de la présence ennemie et sous le plein contrôle des Moudjahidines, une attention particulière sera portée à l'établissement de mécanismes de justice sociale et de développement".

"Des institutions seront instaurées pour garantir les droits sociaux, à la justice et à la sécurité des citoyens", ajoute le communiqué.

C'est déjà le cas dans les districts qu'ils contrôlent et notamment dans le Helmand, la province du pavot dans le sud, pratiquement entre leurs mains et dont ils encerclent la capitale, Lashkar-Gah.

Depuis plusieurs saisons, les combats marquent le pas mais sans cesser pendant l'hiver.

Ils ont déjà fait plus de 2.100 victimes civiles au cours des trois premiers mois de l'année, selon le décompte des Nations Unies.

Avec AFP