"Le NEC (Comité national exécutif, organe de décision de l'ANC) a décidé de rappeler son camarade Jacob Zuma", a déclaré le secrétaire général de l'ANC, Ace Magashule.
"Nous ne lui avons donné aucune date butoir" mais "je sais que le président va répondre demain", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Johannesburg.
Le président Zuma, dont le second et dernier mandat expire en 2019, est empêtré dans de nombreux scandales de corruption qui ternissent l'image de l'ANC.
"Nous sommes déterminés à restaurer l'intégrité des institutions publiques, créer la stabilité économique et relancer l'économie de façon urgente", a ajouté Ace Magashule.
Le président Zuma n'est pas contraint constitutionnellement de se soumettre à la décision de son parti. S'il refuse d’obtempérer, le parti peut saisir le Parlement et voter une motion de défiance.
En cas de démission du président, le vice-président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, patron de l'ANC, le remplacera, a confirmé M. Magashule.
Pousser vers la sortie
Depuis son arrivée à la tête de l'ANC en décembre, Cyril Ramaphosa cherche à pousser vers la sortie M. Zuma, mis en cause dans de nombreuses affaires de corruption, afin d'éviter une catastrophe aux élections générales de 2019.
L'ancien homme d'affaires a d'abord choisi la manière douce et négocié directement avec le président. Mais ces tractations ont échoué, et devant la frustration de l'opposition, de l'opinion publique et de membres de son parti, il est passé à l'offensive en convoquant lundi l'organe le plus puissant du parti.
Au terme de discussions-marathon, le Comité national exécutif (NEC) de l'ANC a "rappelé" mardi avant l'aube le président en le sommant de démissionner dans les 48 heures, selon un membre du NEC joint par l'AFP.
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Ni le parti, ni le président, muet depuis plusieurs jours, n'a encore communiqué officiellement sur l'issue de la réunion, mais le parti avait prévu une conférence de presse à son quartier général de Johannesburg mardi à 12H00 GMT.
En théorie, c'est donc la fin pour Jacob Zuma.
Mais le président, réputé retors, n'a aucune obligation constitutionnelle de se soumettre à la décision du NEC.
S'il refuse d'obtempérer, l'ANC lui forcera la main, a mis en garde Cyril Ramaphosa lors de tractations de dernière minute dans la nuit avec le président Zuma. Il déposera très rapidement une motion de défiance au Parlement.
Prolongations
L'ANC se déchire depuis des mois sur l'avenir du président, dont le second mandat expire en 2019.
Les discussions du NEC se sont encore éternisées, laissant planer un temps le doute sur leur issue. En plein milieu de la nuit, la réunion a été interrompue le temps pour Cyril Ramaphosa d'aller à la résidence officielle du président pour lui proposer, une dernière fois, une sortie digne: la démission.
Inflexible, le président a encore joué les prolongations. "Il racontait n'importe quoi, il voulait encore trois mois, il voulait rester au pouvoir jusqu'en août", a raconté le membre du NEC.
"On s'est dit qu'il voulait encore trois mois pour piller" le pays, a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.
Le président "était très arrogant. Il a dit qu'il n'irait nulle part parce qu'il n'a rien fait de mal", a expliqué un autre membre du NEC cité par l'hebdomadaire Mail & Guardian.
M. Ramaphosa lui a dit "de démissionner dans les 48 heures, sinon l'ANC déposerait une motion de défiance d'ici jeudi", a ajouté ce responsable du parti.
L'ANC, tout puissant en l'absence de scrutin présidentiel au suffrage universel direct, n'a donc eu d'autre choix que de sanctionner Jacob Zuma en lui ordonnant de se démettre.
En prévision d'un refus du président, le groupe parlementaire de l'ANC devrait se réunir dès mercredi matin en vue de déposer rapidement une motion de défiance.
Les jeux sont faits
"Il y a unanimité dans le parti, donc les jeux sont faits", a tranché un membre du NEC interrogé par l'AFP.
L'ANC est "décidé à mettre un point final à la crise avant la présentation du budget" le 21 février, a résumé à l'AFP l'analyste politique Dirk Kotze.
Jacob Zuma est associé à une série de scandales qui ternissent l'image de l'ANC au pouvoir depuis 1994.
Il a été reconnu coupable de violation de la Constitution, il est menacé d'inculpation dans une vieille affaire de pots-de-vins et son nom est intimement associé à celui de la sulfureuse famille d'hommes d'affaires Gupta, au coeur d'autres dossiers de détournements de fonds ou de trafic d'influence.
Le chef du parti d'opposition des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), le bouillant Julius Malema, ne le désigne pus que sous le nom de "délinquant".
Si Jacob Zuma démissionne, il sera sauf énorme surprise remplacé par le vice-président Ramaphosa. Dans le cas d'un vote de défiance, le président du Parlement assurerait l'intérim jusqu'à l'élection du nouveau chef de l'Etat.
Avec AFP