L'ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid, vote dimanche pour désigner son prochain leader lors de son congrès près de Johannesburg, l'actuel président Cyril Ramaphosa restant en bonne voie pour décrocher un deuxième mandat.
Le Congrès national africain (ANC) devrait renouveler sa confiance à M. Ramaphosa, 70 ans, gêné ces derniers mois par une affaire impliquant la découverte de liasses de dollars dissimulées dans un canapé de l'une de ses luxueuses propriétés.
Le président, qui reste très populaire, a échappé mardi au Parlement à un vote de destitution quand l'ANC majoritaire a fait corps autour de lui, imposant à ses élus de le protéger.
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Même ses plus virulents détracteurs au congrès, réuni dans un centre de conférence depuis vendredi, le reconnaissent: "Ramaphosa va gagner, nous le savons", estime auprès de l'AFP Thami Chamane, 30 ans.
Cet élu de la province du Kwazulu-Natal (sud-est), qui compte la plus large délégation, donnera sa voix au seul rival du président, son ancien ministre de la Santé Zweli Mkhize, 66 ans et de culture zouloue, écarté en août 2021 en raison d'accusations de corruption.
Salué pour son action contre le Covid, il avait été mis en cause dans une affaire de détournement de millions d'euros, dans le cadre d'un contrat irrégulier avec une société de communication chargée d'une campagne de sensibilisation contre la pandémie. Selon les enquêteurs, l'argent aurait bénéficié à deux proches de M. Mkhize au ministère, à lui-même ainsi qu'à son fils.
"Cyril" talonné
Mais samedi soir, deux provinces sud-africaines qui étaient acquises à M. Ramaphosa ont basculé dans le camp Mkhize, minimisant la large avance du président.
Cela pose "un risque important" pour M. Ramaphosa, relève auprès de l'AFP Pearl Mncube, politologue au Frontline Africa Advisory. "Ramaphosa passe d'une avance confortable à avoir Mkhize juste derrière lui, les jeux ne sont pas faits", estime-t-elle.
Quelque 4.500 délégués sont appelés à voter dimanche pour les sept plus hauts postes de l'ANC. Le profil du prochain vice-président est très attendu aussi, ce poste servant traditionnellement de rampe de lancement aux futurs présidents.
Et Ramaphosa, s'il était rattrapé par le scandale de Phala Phala --du nom de sa propriété où un cambriolage en 2020 a révélé les liasses embarrassantes--, serait automatiquement, au moins dans un premier temps, remplacé par ce dernier, prévoit la Constitution.
Pour l'heure, comme l'a rappelé à l'AFP Derek Hanekom, membre du tout-puissant Comité exécutif national de l'ANC, appeler Ramaphosa à se retirer en raison de la polémique, alors qu'il n'est pas inculpé, n'a aucun sens: "On n'a jamais fait ça à l'ANC".
De récents sondages montrent que "Cyril", perçu comme un homme affable et posé, reste apprécié des Sud-Africains, bien plus que le parti historique, déchiré par des factions rivales et en perte de terrain dans les urnes depuis dix ans sur fond de chômage, d'inégalités vertigineuses, de criminalité et de crise énergétique.
En vue des élections générales de 2024, l'ANC n'a pas d'alternative crédible à Cyril Ramaphosa, qui reste son meilleur atout, relèvent de nombreux analystes.
Mais les tensions entre factions sont palpables au congrès, où les rappels à l'ordre et au calme se sont multipliés. Lors du discours fleuve de M. Ramaphosa vendredi soir, des dizaines de délégués l'ont interrompu, chantant, tapant sur les tables, mimant une moulinette avec leurs mains pour dire la nécessité d'un changement.
Ses partisans leur opposent un index et majeur levés, pour réclamer un deuxième mandat pour leur chouchou, autrefois distingué par Nelson Mandela comme le plus doué de sa génération.