La modification des rites funéraires a permis la réduction de l'épidémie d'Ebola

Un employé de la Croix-Rouge libérienne désinfecte les mains d'une personne suspectée d'avoir touché un malade d'Ebola, Monrovia, septembre 2014. (Crédit: alerte internationale)

La Croix-Rouge a permis de réduire significativement les nouveaux cas d'Ebola durant l'épidémie qui a affecté l'Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016 en incitant les proches des défunts à modifier les rites traditionnels, notamment en évitant les contacs physiques avec les morts, selon une étude publiée jeudi.

L'épidémie qui a fait plus de 11.300 morts et contaminée près de 29.000 personnes - principalement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone - aurait pu être encore plus meurtrière sans la mise en place de pratiques funéraires sûres, selon une étude parue dans une publication de la Public Library of Science (PLoS), le PLOS des maladies tropicales négligées.

Dans les rites funéraires traditionnels de ces pays d'Afrique de l'Ouest touchés par l'épidémie, les proches du défunt embrassent, lavent ou encore touchent le corps du mort. Les cérémonies sont rapidement devenues "des moments d'extrêmes contaminations", une seule inhumation pouvant infecter jusqu'à 70 personnes, a expliqué Amanda McCelland, experte en santé auprès de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge (FICR).

Les volontaires de la Croix-Rouge envoyés dans les communes affectées ont impliqué les responsables religieux dans leur démarche, et ont autorisé les familles à toucher leur proche, munis avec des gants de protection.

D'après l'étude publiée, les quelque 1.500 volontaires de la Croix-Rouge ont géré près de 47.000 inhumations durant l'épidémie, soit plus de la moitié de l'ensemble de celles qui ont été pratiquées pendant cette période.

A l'aide d'une modélisation statistique, les chercheurs de cette étude ont estimé que les volontaires de la Croix-Rouge avaient permis d'éviter entre 1.411 et 10.452 nouveaux cas d'Ebola grâce à la gestion sûre de l'inhumation des personnes décédées de maladie à virus Ebola.

Au début de l'épidémie, "les pratiques funéraires et les inhumations dangereuses ont causé un grand nombre de cas", a ajouté Amanda McClelland.

Fin 2014, l'Organisation mondiale de la santé avait estimé que la transmission du virus Ebola lors des inhumations avait diminué grâce à la mise en place d'un protocole sur "les inhumations dignes et sans risques".

Les rites funéraires au cours desquels les proches du défunt et d'autres personnes sont en contact direct avec la dépouille ont favorisé la transmission du virus Ebola, qui se propage par transmission interhumaine à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou avec des surfaces et des matériaux (par exemple, linge de lit, vêtements) qui ont été contaminés par ce type de liquides.

Avec AFP