Agathon Rwasa élu vice-président de l’assemblée nationale burundaise

L'opposant Agathon Rwasa

Le principal opposant burundais devient le premier vice-président de l'Assemblée malgré son opposition aux récentes élections controversées qui ont reconduit le président sortant Pierre Nkurunziza au pouvoir au Burundi

Au milieu d'une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1993-2006), déclenchée par la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat, M. Rwasa a été élu avec 108 voix sur 112, dont le soutien du CNDD-FDD, le parti présidentiel.

L'ensemble des opposants, dont Agathon Rwasa, avait dit boycotter les élections législatives et communales du 29 juin et la présidentielle du 21 juillet, mais la Commission électorale (Céni) avait maintenu leurs candidatures.

Le ministre burundais de l'Intérieur Edouard Nduwimana, un partisan de M. Nkuruniza, qui a abandonné les pourparlers avec l'opposition avant l'élection présidentielle, a été élu deuxième vice-président de l'Assemblée.

La candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat a plongé depuis fin avril le Burundi dans une grave crise émaillée de violences ayant fait plus de 100 morts.

L'opposition juge ce troisième mandat anticonstitutionnel et contraire à l'accord de paix d'Arusha, qui avait permis de mettre fin à la guerre civile.

Le Burundi est un petit pays d'Afrique des Grands Lacs à l'histoire postcoloniale jalonnée de coups d'Etat et de massacres entre Hutu et Tutsi, qui a été dévasté par sa longue guerre civile.

Le gouvernement a déjoué à la mi-mai une tentative de coup d'État militaire, et finalement mis fin à la mi-juin à un mois et demi de manifestations quasi quotidiennes à Bujumbura par une brutale répression.

Agathon Rwasa avait expliqué lundi qu'il voulait "jouer le jeu" pour aider à sortir son pays de la crise - un choix qui crée des remous dans l'opposition.

"On doit se rendre à l'évidence, le forcing de Nkurunziza a bien réussi," avait-il dit lundi, en demandant: "Faut-il abandonner à leur sort tous ces gens qui ont voté pour nous, quand bien même les résultats publiés ne sont pas si réalistes que ça?"

"Tant que les négociations (entre le gouvernement et l'opposition) n'ont pas encore abouti, autant jouer le jeu", avait-il ajouté, réfutant se livrer à un "double langage".

Avec AFP