En grand week-end à Doha depuis l'explosion de l'affaire, jeudi, et probablement jusqu'à la rencontre de Ligue des champions des Parisiens, mardi à Bruxelles contre Anderlecht, Nasser Al-Khelaïfi n'a toujours pas réagi publiquement, laissant ce jour le soin à un porte-parole de BeIN Media d'expliquer sa défense à l'AFP.
"Les conditions financières (du contrat passé par BeIN Media) étaient les plus avantageuses possibles pour la Fifa", a affirmé le porte-parole de BeIN au Qatar à l'AFP, laissant entendre, sans donner de chiffres, que le montant acquitté par le groupe pour acheter les droits des Coupes du monde 2026 et 2030 pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (concernés par l'enquête suisse) étaient supérieurs aux précédents.
"Les allégations de corruption sont totalement infondées, car nous n'avions pas de concurrence pour l'attribution de ces droits", a poursuivi cette même source. Un argument déjà utilisé, vendredi, par un proche de Nasser Al-Khelaïfi.
Enfin, ce responsable du groupe BeIN a précisé que l'accord suspecté par la justice suisse comme ayant pu être le fruit d'une corruption du N.2 de la Fifa, Jérôme Valcke, avait été "validé dans les règles par le comité exécutif" de l'instance.
Pourtant, au lendemain de l'annonce par le Ministère public de la Confédération (MPC) helvète de la mise en examen d'Al-Khelaïfi et Valcke pour "corruption privée", la Fifa a annoncé l'ouverture d'une enquête interne concernant les faits reprochés par la justice au patron de BeIN. Et la justice italienne a indiqué vendredi avoir perquisitionné une villa de luxe en Sardaigne mise à la disposition du Français par le Qatari comme "moyen de corruption".
- Perquisition rendue difficile -
La veille, les locaux de la chaîne BeIN Sports en France -l'une des soixante chaîne de BeIN Media- situés dans le même immeuble que celui du PSG avaient été perquisitionnés par le Parquet national financier français (PNF). Une opération rendue difficile par l'opposition du personnel de la chaîne.
Une porte-parole du PNF a indiqué samedi à l'AFP que beIN Media s'était opposé à la demande des enquêteurs concernant le rapatriement des données informatiques hébergées sur des serveurs à Doha et que le parquet allait faire une demande d'entraide judiciaire internationale au Qatar pour tenter de récupérer ces données.
Dans la foulée, Me Francis Szpiner, avocat de Nasser Al-Khelaïfi, s'était envolé pour Doha afin de mettre au point la défense de son client.
Cette affaire tombe mal pour le PSG, leader renforcé de la Ligue 1 après sa victoire 2-1 à Dijon samedi, coïncidant avec les accusations par de grands clubs européens d'entorse au fair-play financier après son recrutement faramineux cet été (400 M EUR d'euros déboursés environ pour Neymar et Kylian Mbappé) et l'enquête ouverte à ce sujet par l'UEFA.
Elle est aussi une réminiscence de l'année 2015, quand de nombreux officiels de la Fifa avaient été arrêtés pour corruption, en Suisse, provoquant le retrait du président Sepp Blatter.
Une affaire en partie déjà liée à l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Mais l'investigation de la justice suisse ne s'arrête pas aux Coupes du monde 2026 et 2030, le MPC ayant indiqué étendre ses recherches sur les droits des Mondiaux de football depuis 2018 et avoir dans le viseur une troisième personne, un homme d'affaires grec spécialiste de la négociation des droits médias. Selon plusieurs médias, il s'agirait de Konstantinos Nteris.
En attendant et malgré la tourmente, Nasser Al-Khelaïfi aurait affirmé à ses proches qu'il serait présent pour le troisième match de l'équipe du PSG, mercredi à Bruxelles contre Anderlecht.
Avec AFP