Alexis Sanchez ou le choix de l'argent

Alexis Sanchez célébrant son but contre Sunderland en Premier League, Angleteterre, le 16 mai 2017

De la misère au joueur le mieux payé d'Angleterre : Alexis Sanchez a signé pour Manchester United lundi, faisant le choix d'assurer son avenir financier plutôt qu'un titre en Premier League promis à Manchester City, qui le convoitait aussi.

A Old Trafford, le Chilien âgé de 29 ans va en tout cas bourrer ses valises de billets: selon la presse anglaise, il touchera un salaire estimé à près de 570.000 euros par semaine (avant impôts, contre 330.000 euros par semaine pour Paul Pogba, toujours avant impôts et selon la presse). United n'a pas communiqué sur la durée du contrat, comme d'habitude.

"Le destin en or d'Alexis", titre le quotidien La Tercera au Chili. L'idole de la "Roja" est devenu le footballeur chilien "le mieux payé de l'histoire", souligne le journal.

La nouvelle aventure chez les Red Devils de Sanchez, "El Nino Maravilla" (l'Enfant Merveille), met du baume au coeur des Chiliens, encore traumatisés par leur récente élimination du Mondial-2018 en Russie.

L'été dernier, déjà, Sanchez avait été convoité mais Arsenal avait refusé faute de remplaçant. Les "Gunners" avaient courtisé Thomas Lemar, mais le Monégasque avait refusé. Cette fois, Arsène Wenger a dit oui, car il récupère le talentueux Henrikh Mkhitaryan dans l'échange (qui aurait signé pour trois ans et demi, selon la presse). Et ce sont d'ailleurs les négociations autour de l'Arménien qui ont fait durer le suspense.

"La chance de jouer dans ce stade historique et de travailler avec José Mourinho étaient une opportunité que je ne pouvais pas refuser. Je suis très fier d'être le premier joueur chilien à jouer pour United", savoure le joueur.

Quoiqu'il en soit, c'est donc avec les "Red Devils", sa quatrième équipe européenne après l'Udinese, le FC Barcelone et Arsenal, que le Chilien va tenter d'étoffer son palmarès en club.

- "Concurrence interne" -

Car si le Sud-Américain a remporté deux Copa America avec le Chili (119 sélections), il n'a que très peu été couronné en club: un titre de champion d'Espagne (2013), une Coupe du Roi (2012) et deux Coupes d'Angleterre (2015 et 2017).

"En ce moment, il n'y a aucune concurrence. Nous avons quatre joueurs offensifs (Lukaku, Martial, Rashford et Lingard) pour trois places. Trois qui débutent, un sur le banc", a regretté Mourinho, qui doit se passer d'Ibrahimovic, toujours blessé. "Nous avons besoin de concurrence interne", a-t-il ajouté. L'enfant de la ville côtière de Tocopilla sait ce qui lui reste à faire.

Sur le plan domestique, le championnat semble en partie déjà joué tant l'avance des "Citizens" est grande (douze points).

Mais alors, pourquoi ne pas avoir rejoint l'Etihad Stadium? La réponse tient peut-être dans la promesse faite à sa mère. "Je disais à ma mère. Ne t'inquiète pas, je serai footballeur et tout va s'arranger. On aura de l'argent", avait-il confié à El Pais en 2013.

Élevé dans la pauvreté avec ses frères et soeur, il a conservé de ses débuts pieds nus une soif de vaincre intacte. Il l'avait déjà montré lors de son premier match professionnel avec Cobreloa en D2 chilienne en offrant le but de la victoire... à seulement 16 ans.

- "Magnifique exemple" -

"C'est un magnifique exemple de ce que l'on peut atteindre grâce à un travail acharné", avait expliqué au Sun le maire de sa ville natale, Fernando San Roman, en 2014, notant les origines modestes de l'attaquant. "Il n'a jamais abandonné, jamais accepté son sort. C'est pour ça que tout le monde l'aime."

Pour l'entraîneur José Sulantay, qui l'a dirigé lors du Mondial des moins de 20 ans de 2007, Sanchez a bien fait de choisir Manchester United par rapport à l'équipe de Pep Guardiola: "City n'arrête pas de toucher le ballon (jeu à une touche de balle, ndlr), et cela a un impact sur les joueurs en occultant leur véritable talent individuel".

"United est très vertical, c'est pourquoi la puissance, la technique et la vitesse d'Alexis seront un apport très positif pour l'équipe de (José) Mourinho", ajoute Sulantay dans El Mercurio, grand quotidien chilien.

Sur les réseaux sociaux, les Chiliens soulignent la mentalité de "vainqueur" des Red Devils, par rapport au manque au manque de combativité reproché à Arsenal cette saison.

A Tocopilla, Sanchez a une statue depuis mars 2017. Avec son envie de tout casser, il en voudra aussi sûrement une sur le parvis d'Old Trafford.


Avec AFP