Ancien Premier ministre du président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par le mouvement ("Hirak") populaire inédit de contestation du régime qui agite l'Algérie depuis près de dix mois, M. Tebboune, 74 ans, a été élu le 12 décembre dès le premier tour avec 58,13% des suffrages, selon les résultats définitifs proclamés lundi par le Conseil constitutionnel.
Aux cris de "les élections sont truquées, il n'y a pas de légitimité, la marche va se poursuivre", les manifestants ont défilé sur deux kilomètres sans incident dans les rues du centre de la capitale, au milieu d'un important déploiement de forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP.
Lire aussi : Abdelmadjid Tebboune, ex-Premier ministre de Bouteflika, élu présidentVendredi, après la publication par l'Autorité électorale des résultats préliminaires consacrant sa victoire, M. Tebboune a, lors de son premier discours, "tendu la main au Hirak", l'invitant au "dialogue afin de bâtir une Algérie nouvelle".
"Tebboune ne nous gouvernera pas" ou "Tebboune, nous allons t'écarter d'El Mouradia", le Palais présidentiel, lui ont répondu mardi les manifestants.
Le président tout juste élu a notamment promis d'"amender la Constitution" et de soumettre le nouveau texte à référendum.
"La révision de la Constitution doit avoir lieu avec un président légitime", pouvait-on lire mardi sur l'une des nombreuses pancartes portant des slogans hostiles au président élu et à son offre de dialogue.
Le "Hirak" avait catégoriquement rejeté la tenue de la présidentielle, estimant que le scrutin ne servait qu'à régénérer le régime, accusé de fraudes massives ces 20 dernières années et dont il exige le démantèlement. Il demande que les réformes soient confiées à des "institutions de transition" et non au "système", au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962.
Moins de 40% des électeurs (39,88%) se sont rendus aux urnes, la participation la plus faible de toutes les élections présidentielles pluralistes en Algérie, et le "Hirak" --comme plusieurs analystes-- assure en outre que le chiffre est gonflé.
Lire aussi : Les étudiants défilent nombreux à 48 heures de la présidentielle"Nous ne reconnaissons pas ce président. Pour nous, il est illégitime. Son appel au dialogue n'est pas sincère car il n'est pas accompagné de mesures d'apaisement comme la libération des +détenus politiques+", a déclaré à l'AFP Sid Ali, 25 ans, en référence aux près de 150 manifestants, militants ou journalistes arrêtés dans le cadre du "Hirak".
Pour cet étudiant en génie mécanique, le dialogue "doit porter sur une éventuelle transition démocratique et non sur un recyclage de l'ancien régime".