Le verdict du procès de l'opposant algérien Karim Tabbou, figure de proue du mouvement de contestation populaire en Algérie, a été renvoyé au 11 mars après que le procureur a requis une peine de 4 ans de prison ferme, a indiqué jeudi une association de soutien.
Ce procès, qui s'était ouvert mercredi au tribunal de Sidi M’hamed à Alger, s’est terminé jeudi à l'aube à l'issue des plaidoiries de quelque 60 avocats de la défense. Le verdict sera rendu mercredi prochain.
Quelque 180 avocats se sont constitués pour défendre l'accusé, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association qui recense et défend les personnes arrêtées dans le cadre du "Hirak", le mouvement de protestation antirégime qui secoue l'Algérie depuis plus d'un an.
Chef de l'Union démocratique et sociale (UDS), petit parti d'opposition non enregistré, M. Tabbou, âgé de 46 ans, est accusé "d'incitation à la violence" et "d'atteinte au moral de l'armée". Il est en détention provisoire depuis fin septembre.
Il est devenu l'une des figures emblématiques du "Hirak" -- sinon la plus populaire -- et son portrait est régulièrement brandi lors des manifestations hebdomadaires.
Au moins une centaine de sympathisants avaient manifesté mercredi à proximité du tribunal aux cris de "Libérez Karim Tabbou et tous les détenus!" ou encore "Où est la justice, où est le droit ?".
Selon des témoins, la police est intervenue dans la nuit pour disperser ce rassemblement de soutien.
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Avant de fonder l'UDS, M. Tabbou avait été de 2007 à 2011 premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), plus ancien parti d'opposition d'Algérie.
Si le "Hirak" n'a pas de structure formelle, Karim Tabbou en est l'un des visages et l'une des voix.
Placé en détention une première fois le 12 septembre 2019 après avoir été inculpé "d'atteinte au moral de l'armée" par un tribunal, il avait été remis en liberté le 25 septembre. A nouveau arrêté dès le lendemain, il a été inculpé d'"incitation à la violence" et une nouvelle fois incarcéré.
Plusieurs dizaines de personnes restent poursuivies et en détention dans le cadre du "Hirak", selon les organisations de défense des droits humains, leur nombre précis étant difficile à établir en raison des remises en liberté et des interpellations qui se succèdent concomitamment.
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