Appel à la libération d'un leader chiite nigérian pour raisons de santé

Manifestants du mouvement islamique pro-iranien demandent la libération de Ibrahim Zakzaky, à Kano, Nigeria, le 11 août 2016.

L'avocat du chef d'un groupe chiite nigérian détenu depuis près de deux ans après des affrontements avec l'armée a exhorté jeudi le président nigérian Muhammadu Buhari à ordonner sa libération pour des raisons de santé.

Ibrahim Zakzaky, qui dirige le groupe chiite pro-iranien Mouvement islamique du Nigeria (IMN) et son épouse doivent être libérés "pour raisons de santé", a estimé Me Femi Falana dans une lettre ouverte au chef de l'Etat.

Le dignitaire a perdu l'usage de son oeil gauche lors des troubles qui se sont déroulés en décembre 2015 dans la ville de Zaria, dans le nord du pays, où l'armée est accusée d'avoir tué plus de 300 membres du groupe religieux.

Selon Me Falana, Ibrahim Zakzaky risque aujourd'hui de perdre son oeil droit "à la suite du traitement brutal infligé par des soldats".

L'état de santé de l'épouse de M. Zakzaky, Zainab, serait "bien pire", ajoute l'avocat qui dit avoir rendu visite au cours des derniers jours au couple détenu par la police à Abuja.

"Pour des raisons mieux connues des services de sécurité, certaines des balles reçues lors de la brutale attaque du 14 décembre 2015 n'ont pas été extraites de son corps", écrit-il.

"Dans ces circonstances, elle souffre chaque jour de douleurs insoutenables", ajoute la lettre de l'avocat qui estime que sa vie est en danger à moins qu'elle ne bénéficie de soins urgents.

Le gouvernement nigérian a par le passé ignoré une demande de la justice réclamant la libération du couple.

En décembre 2015, plusieurs jours de violence avaient opposé les forces de l'ordre aux partisans de l'IMN dans leur fief de Zaria, dans l'Etat de Kaduna. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, ces violences avaient fait près de 350 morts parmi les militants chiites, un bilan rejeté par l'armée nigériane.

Ibrahim Zakzaky et l'IMN souhaitent établir un Etat islamique chiite à l'iranienne et ne reconnaissent pas l'autorité d'Abuja. Le mouvement a été interdit dans le seul Etat de Kaduna en octobre.

Dimanche, au moins trois personnes ont été tuées dans la ville de Kano, dans le nord du Nigeria à majorité sunnite, où la police a tiré sur une procession de l'IMN lors du deuil chiite de l'Achoura. La marche est régulièrement le théâtre d'incidents. L'an dernier, l'IMN avait accusé la police d'y avoir tué au moins une trentaine de personnes.

Avec AFP