Après l'attentat de Nice, le gouvernement français essaie de répondre aux nombreux questionnements

Une femme pleure lors de l'hommage rendu aux victimes, deux jours après l'attentat de Nice à la Promenade des Anglais, France, le 16 juillet 2016.

Les enquêteurs tentent toujours dimanche de cerner la personnalité de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui a tué 84 personnes le 14 juillet à Nice, dans le sud-est de la France, dans un attentat revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI).

Le gouvernement français, vivement critiqué par l'opposition et une partie de la population pour son impuissance à empêcher le drame, s'efforce de démontrer que toutes les mesures sont prises pour faire face à une menace d'attentat sans précédent.

Encore sous le choc de cette tuerie de masse perpétrée à l'aide d'un camion - une première en France -, des rescapés ou des proches des victimes cherchaient samedi des informations ou du soutien psychologique dans plusieurs hôpitaux de Nice.

"J'ai appelé partout, les commissariats, les hôpitaux, sur Facebook, je n'ai pas trouvé mon fils. Ca fait 48 heures que je cherche. Ma femme est morte, mon fils, il est où?", lançait Tahar Mejri, un Niçois de 39 ans à bout de nerfs. Avant d'apprendre dans la journée la mort de son fils de quatre ans.

A l'issue d'un feu d'artifice tiré pour la fête nationale française, 84 personnes, dont 10 enfants et adolescents, ont été tuées jeudi sur la célèbre Promenade des Anglais de Nice par le camion conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, 31 ans.

Vingt-six personnes restaient en réanimation et 16 corps n'étaient toujours pas identifiés, selon le ministère de la Santé.

L'assaillant, que la revendication a présenté comme "un soldat de l'Etat islamique", semblait jusque-là avoir davantage un profil de déséquilibré, inconnu des services de renseignement.

"Basculement récent"

"Il semble qu'il se soit radicalisé très rapidement", a déclaré le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve après une réunion de crise du gouvernement, sur la base des premiers témoignages de proches.

"Nous sommes désormais confrontés aux individus qui, sensibles au message de Daech (acronyme arabe de l'EI), s'engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés", a ajouté M. Cazeneuve.

Les auditions de quatre hommes de l'entourage du tueur et de son ex-épouse "sembleraient aller dans le sens d'un basculement récent vers l'islam radical", mais l'EI "n'est pas à ce stade mentionné", a précisé une source policière.

Décrit par ses connaissances comme un homme taciturne et violent, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était seulement connu de la justice pour des "faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016".

Selon son père, il avait fait une dépression au début des années 2000 et n'avait pas de pratique religieuse affichée.

L'attentat de Nice est la troisième tuerie de masse en France, après ceux de janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo, des policiers et des juifs (17 morts) et du 13 novembre (130 morts à Paris et à Saint-Denis).

Il a replongé les Français dans l'effroi mais cette fois la cohésion nationale a volé en éclats: l'opposition a dénoncé l'inefficacité des autorités, alors que le pays est placé sous état d'urgence depuis novembre en raison du risque d'attentat.

Appel à l'unité

Pendant la réunion de crise samedi, le président François Hollande a appelé à la "cohésion", selon le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Nombre de journaux français s'interrogeaient néanmoins samedi sur la façon dont un camion frigorifique de 19 tonnes avait pu pénétrer dans une enceinte réservée aux piétons et sécurisée par les forces de l'ordre.

Le ministre de l'Intérieur a balayé ces critiques, répétant que la police était "très présente" jeudi soir et relevant que le camion avait forcé le passage en montant sur le trottoir.

Mais à Nice, la colère était visible dans les messages déposés par les passants: "Assez de discours!", "Marre des carnages dans nos rues!".

Les premières indemnisations des victimes de l'attentat, françaises et étrangères, seront débloquées la semaine prochaine, a annoncé samedi une ministre française.

Au moins 17 étrangers ont péri dans l'attaque, dont trois Allemands, deux Américains, trois Tunisiens et trois Algériens.

Une minute de silence sera observée lundi à 12H00 (10H00 GMT) en hommage aux victimes, avant la réouverture complète de la Promenade des Anglais.

Le président français a annoncé la prolongation pour trois mois supplémentaires de l'état d'urgence, qui facilite notamment les perquisitions et l'assignation à résidence de suspects.

Avec AFP