Après trois ans, SOS Méditerranée en appelle aux citoyens européens pour ses sauvetages

Les migrants réagissent alors que le bateau de sauvetage du MV Aquarius s'approche de leur bateau en caoutchouc à quelque 24 milles de la côte libyenne le 12 mai 2018.

L'ONG SOS Méditerranée, qui mène des opérations de sauvetage de migrants en détresse en pleine mer, a lancé vendredi un appel aux citoyens européens pour pouvoir poursuivre ses opérations face "à une situation qui se dégrade" depuis trois ans.

"Aidez-nous à secourir les personnes en détresse en mer, à les traiter avec dignité. Refusez que le prix des politiques européennes soit le sacrifice de la vie de milliers de personnes", a déclaré l'écrivain français Daniel Pennac, lisant un appel rédigé par SOS Méditerranée au cours d'une conférence de presse.

"N'acceptez pas qu'en votre nom les Etats de l'Union européenne financent et équipent les gardes-côtes libyens, dans le seul but d'intercepter en mer et de renvoyer des milliers de personnes vers l'enfer qu'elles cherchent désespérément à fuir", a-t-il poursuivi pendant ce point de presse à Marseille (sud-est), d'où est parti il y a trois ans l'Aquarius, le navire de sauvetage de l'ONG.

En 28 mois de mer, l'Aquarius a sauvé 28.689 personnes, essentiellement originaires d'Afrique et voyageant souvent sur des bateaux de fortune.

Bras de fer à répétition avec les gardes-côtes libyens jusque dans les eaux internationales, "criminalisation" des ONG : les conditions dans lesquelles SOS Méditerranée exerce ses activités sont de plus en plus compliquées, ont expliqué les dirigeants de cette association fondée il y a trois ans.

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L'Aquarius est le principal navire ambulance humanitaire qui opère en Méditerranée, en conformité avec le droit maritime international qui oblige à porter secours à toute personne en détresse et à la conduire jusqu'à un port sûr. Il peut accueillir 500 personnes, en coordination avec les autorités, et emmène en Italie les migrants ainsi sauvés.

Interrogé sur le contexte politique européen, et notamment l'arrivée au pouvoir en Italie d'une coalition de mouvements populistes, le président de l'association Francis Vallat a répondu avoir "une ligne rouge : nous sommes une organisation citoyenne qui respecte l'autorité. Sauf si un jour, on nous demande de ramener les réfugiés en Libye" qui ne peut être considérée comme une destination "sûre", a-t-il estimé.

L'immense majorité des migrants sauvés par l'Aquarius ont raconté avoir subi mauvais traitements et sévices à leur passage par la Libye, selon l'association, financée à plus de 90% par des dons privés.

Avec AFP