Arrestation d’un trafiquant d’ivoire au Togo

Emile N'Bouke, posant parmi les objets d'ivoire illicite qu'il cherchait à écouler

Au Togo, première arrestation majeure cette semaine dans la lutte contre le commerce illégal de l'ivoire. Le suspect, Emile N'Bouke, 58 ans, se livrerait depuis des décennies à ce trafic qui aurait contribué à la mort de plus de 10.000 éléphants en Afrique de l’Ouest.

Surnommé « The Boss » (« Le patron »), N'Bouke gérait depuis près de 4 décennies un petit magasin à Lomé, à partir duquel il menait son commerce avec des clients en Asie et même, pense-t-on, aux États-Unis.

En fin de compte, les autorités togolaises l'ont arrêté à son magasin mardi, dans le cadre d’une opération qui a permis de saisir plus de 700 kilogrammes de produits en ivoire.

L'arrestation de N'Bouke a été le fruit d’une enquête entamée l'année dernière par l’ONG « Last Great Ape Organization », qui milite pour l'application des lois sur la faune en Afrique occidentale et centrale. L'organisation travaille dans six pays, y compris ceux où les éléphants sont braconnés, comme le Cameroun et la République démocratique du Congo (RDC).

Elle œuvre également dans des pays de transit tels que le Togo et la Guinée, à partir desquels l'ivoire est expédié vers les marchés mondiaux.

Ofir Drori, le fondateur de l'organisation, se dit convaincu qu'en se concentrant sur les pays de transit, les autorités peuvent faire beaucoup pour réduire les tueries illicites d’éléphants en Afrique, parce que le braconnage est organisé et financé par de puissants responsables des milieux d’affaires.

« Nous devons nous concentrer sur les gros trafiquants, et pas seulement les petits braconniers. Les petits braconniers travaillent pour les gros trafiquants, et nous avons besoin de ce genre d'arrestation, de ce type d'opération, dans toute l'Afrique », a-t-il déclaré.

Selon la ministre de l'environnement et des ressources forestières, Mme Dédé Ahoéfa Ekoué, le gouvernement togolais est déterminé à sévir contre le commerce illégal de l'ivoire. Mais, ajoute-t-elle, il faudrait des « ressources mondiales », et le Togo aimerait collaborer avec des pays, tels que les Etats-Unis, qui ont une expertise dans le suivi des trafics illicites.

L'arrestation de « The Boss » pourrait permettre de sévir contre d’autres acteurs de la filière du commerce illégal de l’ivoire, poursuit M. Drori. On dispose déjà d’une quantité énorme de renseignements, grâce à cette enquête, qu’il s’agisse de comptes bancaires et complices, fait-il valoir.

M. N'Bouke a affirmé après son arrestation que ses activités étaient légales, et qu'il jouissait d’une « autorisation spéciale » accordée par les autorités. Bien que le commerce de l'ivoire soit interdit au niveau mondial, la peine maximale prévue par la loi togolaise pour un tel trafic ne dépasse pas un an de réclusion.