Colis piégé en Centrafrique: Wagner accuse Paris, qui dément

Pour sa part, un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a affirmé que le centre culturel russe allait rester ouvert, malgré cette attaque

La Russie a affirmé que l'un de ses représentants en Centrafrique avait été blessé vendredi par l'explosion d'un colis piégé, une attaque que le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a imputée à la France, accusations démenties par Paris.

La Centrafrique, pays en guerre civile depuis 2013 est au coeur de la stratégie d'influence russe en Afrique. Le rôle grandissant de Wagner a d'ailleurs conduit la France, ancienne puissance coloniale, à retirer jeudi ses derniers soldats du pays.

"Le chef de la Maison russe (le centre culturel, ndlr) a reçu vendredi un colis anonyme, l'a ouvert et une explosion s'est produite", a indiqué le service de presse de l'ambassade russe, cité par l'agence de presse officielle TASS, précisant que ce responsable, Dmitri Syty, était hospitalisé avec des "blessures sérieuses".

Lire aussi : Rupture: les derniers militaires français ont quitté la Centrafrique

Peu après, le riche homme d'affaires russe proche du Kremlin et fondateur de Wagner, Evguéni Prigojine, a accusé la France et demandé au ministère russe des Affaires étrangères de lancer une procédure pour déclarer "la France comme Etat soutien du terrorisme", a-t-il déclaré, cité par son service de presse. Selon Evguéni Prigojine, Dmitri Syty, avant de perdre connaissance, avait lu une note accompagnant le colis qui disait "C'est pour toi, de la part de tous les Français, les Russes ficheront le camp d'Afrique".

La cheffe de la diplomatie française a démenti ces accusations quelques heures après à l'AFP. "Cette information est fausse et c'est même un bon exemple de la propagande russe et de l'imagination fantaisiste qui caractérise parfois cette propagande", a déclaré Catherine Colonna à Rabat, où elle se trouvait en visite.

"Cette milice (Wagner) se livre à des exactions regrettables sur les populations civiles et il y aurait beaucoup à dire sur elle, mais ce n'est pas le moment aujourd'hui", a-t-elle ajouté, alors que la France accuse régulièrement le groupe Wagner d'orchestrer des manipulations des opinions publiques contre la France dans plusieurs pays africains et de s'y livrer à de la prédation économique sous couvert de contrats de protection des gouvernements.

Retrait militaire

Le chef de Wagner, qui a pendant des années nié diriger ce groupe avant de le reconnaître récemment, n'a fourni aucune preuve de la note évoquée et l'AFP n'a pas été en mesure de confirmer la teneur de ces déclarations. Il a assuré aussi que M. Syty avait également reçu des menaces en novembre visant son fils qui vit en France.

Cet "acte criminel" visait à "nuire au développement des relations amicales" entre Moscou et Bangui, a accusé pour sa part le ministère russe des Affaires étrangères, sans désigner toutefois de commanditaire présumé.

Une source diplomatique russe à Bangui interrogée par l'agence Ria Novosti a indiqué que la victime avait reçu le colis à son domicile, qui n'est pas sur le territoire de l'ambassade. "Il l'a reçu, l'a ramené dans la maison et l'a ouvert", a indiqué ce diplomate non identifié de l'ambassade russe en Centrafrique.

A la mi-journée, le quartier très fréquenté du centre culturel russe, situé dans le centre-ville de Bangui, près des ambassades de France et de Russie, était calme, ont constaté des journalistes de l'AFP. Aucun dispositif policier n'était en place aux abords du site et la circulation était normale.

Un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a affirmé que le centre culturel russe allait rester ouvert malgré cette attaque. Une journaliste de l'AFP a pu voir des personnes allant et venant sans encombre à l'intérieur du site à la mi-journée.

"Nous ne devons pas montrer de la peur face aux terroristes, ils n'attendent que cela", a affirmé M. Bogdanov, tout en appelant à renforcer la sécurité de la mission diplomatique russe en Centrafrique.

Les 47 derniers soldats français déployés en Centrafrique ont quitté le pays jeudi. La France avait décidé à l'été 2021 de suspendre sa coopération militaire avec Bangui, jugé "complice" d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie.