Plus de 50 morts dans un attentat sur un site soufi revendiqué par l'EI, au Pakistan

Quelques personnes se rassemblent devant le service d'urgence d'un hôpital local après un attentat suicide dans un sanctuaire soufi, à Karachi, au Pakistan, 12 novembre 2016.

Plus de 50 personnes ont été tuées samedi dans l'explosion d'une bombe pendant une cérémonie religieuse soufie au Baloutchistan, a annoncé le ministre de l'Intérieur de cette province méridionale du Pakistan en proie à des troubles récurrents.

"Au moins 52 personnes ont été tuées et 105 blessées" dans un sancuaire dédié à un saint du soufisme, branche mystique de l'islam considérée comme hérétique par certains groupes islamistes radicaux dont les talibans, a déclaré Sarfraz Bugti à l'AFP, disant ignorer si cette attaque revendiquée par le groupe Etat islamique était un attentat suicide.

La déflagration s'est produite au milieu de la foule au sanctuaire de Shah Noorani, un saint du soufisme, une branche mystique de l'islam considérée comme hérétique par certains groupes islamistes radicaux, dont les talibans, a déclaré à l'AFP un responsable du gouvernement local, Javed Iqbal.

Jusqu'à 600 personnes étaient présentes, certaines venues de loin pour l'occasion, a expliqué Tariq Mengal, un autre représentant officiel du Baloutchistan.

Elles prenaient part à des danses religieuses, organisées juste avant le crépuscule, quand le drame est survenu sur ce lieu de pèlerinage situé dans une région montagneuse reculée du district de Khuzdar, à environ 760 kilomètres au sud de Quetta, la capitale provinciale, et que les équipes de secours avaient en conséquence du mal à atteindre.

"Au moins 43 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées", a fait savoir le ministre de l'Intérieur du Baloutchistan Sarfraz Bugti.

L'organisation jihadiste Etat islamique a affirmé qu'un de ses combattants avait été l'auteur de cette "opération martyre", dans un communiqué diffusé par Amaq, son agence de propagande.

"Le gouvernement est déterminé à éliminer le terrorisme et les extrémistes du pays", a quant à lui réagi le président pakistanais Mamnoon Hussain.

- Des attentats très meurtriers -

L'attentat de samedi fait suite au meurtre en juin d'un célèbre chanteur soufi à Karachi, la métropole du sud du Pakistan, à trois heures de route du sanctuaire de Shah Noorani, qui avait suscité une vague d'indignation dans ce pays. Amjad Sabri, un interprète de "qawwali", une forme traditionnelle de musique religieuse islamique très appréciée en Asie du Sud et dont l'origine remonte au XIIIe siècle, avait été tué par deux hommes à moto et la police avait alors parlé d'"acte de terrorisme".

Frontalier de l'Iran et de l'Afghanistan, le Baloutchistan est la province la plus pauvre du Pakistan malgré ses ressources pétrolières et gazières. Egalement considéré comme stratégique car appelé à abriter d'ambitieuses infrastructures routières et énergétiques devant relier la Chine à la mer d'Arabie, il est secoué par des violences confessionnelles entre sunnites et chiites, des attaques islamistes et, depuis 2004, une insurrection séparatiste.

Al-Alami du Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), un groupe antichiite s'en prenant également ces dernières années au gouvernement pakistanais, s'était ainsi associé à l'Etat islamique pour organiser en octobre un assaut contre une école de police à Quetta qui a fait 61 morts. Cette attaque avait été la pire ayant visé les services de sécurité dans l'histoire du Pakistan.

Le LeJ est allié au mouvement des talibans pakistanais (TTP) qui ont de leur côté prêté allégeance à Al-Qaïda.

En août, un attentat revendiqué à la fois par une faction talibane, Jammat-ul-Ahrar (JuA), et par l'EI avait fait 73 morts dans un hôpital de Quetta au moment où la foule s'y recueillait sur la dépouille du bâtonnier de la province, assassiné quelques heures plus tôt.

Avec AFP