"Jamais dans l’histoire moderne autant de personnes n’ont été confrontées à la faim et à la famine qu’au Soudan aujourd’hui", ont déclaré ces experts qui sont mandatés par le Conseil des droits de l'homme mais ne s'expriment pas au nom de l'ONU. "Un pourcentage stupéfiant de 97% des personnes déplacées au Soudan, ainsi que des civils restés chez eux, sont confrontés à des niveaux sévères de faim", soulignent ces experts. La guerre au Soudan fait rage depuis avril 2023 entre l'armée, menée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdane Daglo.
Elle a fait des dizaines de milliers de morts, provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes et provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, selon l'ONU. La famine a été déclarée en juillet dans le camp de Zamzam près de la ville d'el-Facher, au Darfour. C'est le niveau le plus élevé au sens des critères très précis retenus par les ONG et agences humanitaires de l'ONU et basés sur une échelle appelée Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Les experts soulignent d'ailleurs le sort des 500.000 personnes qui se sont assemblées dans ce camp pour tenter d'échapper aux combats et son confrontées "aux pires conditions" de vie.
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D'autres camps de personnes déplacée sont "aussi menacés par la famine". "Pour que la famine au Soudan cesse fin, il faut que les FSR et les FAS cessent immédiatement d’entraver l’acheminement de l’aide", insistent ces experts, qui réclament aussi un arrêt des attaques contre les populations locales et que "les gouvernement étrangers cessent de soutenir financièrement et militairement" les deux factions. "Les deux tiers de la population soudanaise vivent dans des zones rurales et leurs moyens de subsistance sont détruits par la guerre. Nous exhortons les autorités locales à faciliter la participation en toute sécurité aux activités agricoles en soutenant les comités de protection des cultures", soulignent les experts.
Les experts ont exprimé "leur consternation devant le fait que les donateurs internationaux et les gouvernements n’aient pas tenu leurs promesses". Le plan de réponse humanitaire au Soudan, mis sur pied par l'ONU qui estime les besoins pour venir en aide aux populations à 1,44 milliard de dollars n’est financé qu'à hauteur de 50,8%. "Avant le début du conflit, les deux tiers de la population soudanaise vivaient déjà dans une pauvreté extrême, et aujourd’hui, encore plus de personnes sont confrontées à la perspective d’un dénuement total", ajoutent les experts de l'ONU, dont Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation soutenu par une dizaine d'autres collègues.