"Félicitations à Audrey Azoulay ! La France continuera à se battre pour la science, l'éducation et la culture dans le monde", a twitté le président Emmanuel Macron.
Lors de l'ultime tour d'un scrutin très serré entamé lundi, les 58 membres du Conseil exécutif de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, ont préféré la candidate Française au représentant qatari, par 30 voix contre 28.
Audrey Azoulay a reçu le soutien de l'Egypte, dont la candidate avait été éliminée sur la dernière ligne droite.
Mais Le Caire a néanmoins demandé à l'Unesco, dont le siège se trouve dans la capitale française, "la vérification des violations détectées tout au long du processus électoral", selon un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères.
Le candidat du Qatar, qui faisait la course en tête depuis le début malgré la résurgence de vieux soupçons d'antisémitisme relayés par le Centre Simon Wiesenthal Europe, ne faisait pas l'unanimité des pays arabes en délicatesse avec Doha.
En juin, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont en effet rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l'accusant de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l'Iran.
Ces quatre pays ont imposé un embargo au Qatar, qui a rejeté toutes les accusations à son encontre, y voyant une ingérence dans sa politique étrangère.
La bataille a cependant été âpre pour prendre le leadership d'une organisation déjà fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, et à laquelle les Etats-Unis et Israël avaient porté "un coup dur" avec l'annonce jeudi de leur départ, selon la directrice générale sortante de l'organisation, la Bulgare Irina Bokova.
Washington et Tel Aviv ont voulu ainsi exprimer leur exaspération face à une organisation qu'ils accusent d'être devenue anti-israélienne.
Les Etats-Unis avaient déjà suspendu leur contribution financière régulière il y a six ans.
- 'Politisation' -
C'est l'admission en 2011 de la Palestine au sein de l'Unesco qui avait entraîné cette interruption des versements de fonds, représentant près du quart du budget de l'agence, par Israël et les Etats-Unis.
Dès avant l'annonce de jeudi, François Chaubet, un professeur français d'histoire contemporaine, estimait d'ailleurs qu'"un des enjeux" de l'élection serait de "ramener les Etats-Unis dans les contributeurs". Partis une première fois en 1984, ils étaient revenus en 2002.
"Pour honorer ses slogans nationalistes, Trump a choisi de faire le sacrifice de l'Unesco, c'était la décision qui coûtait le moins cher...", a commenté l'historien français Bertrand Badie.
"Si Donald Trump était partisan des institutions multilatérales, cela se saurait", a pour sa part relevé François Heisbourg, conseiller spécial de la Fondation de la recherche stratégique.
La décision américaine a néanmoins été une "triste nouvelle" ou un motif de "regret", voire de "déception", à Paris, à Moscou, dans les instances dirigeantes de l'ONU et de l'Unesco, mais aussi dans les milieux culturels et universitaires américains.
Pour Mme Bokova, "c'est l'universalité de l'organisation qui est en jeu". Et le multilatéralisme dans l'ADN de l'organisation, ajoute-t-on de sources diplomatiques.
Vendredi, Berlin a appelé de ses voeux à "une Unesco forte". Mais le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a également rappelé que le gouvernement allemand "critiquait aussi depuis quelque temps la politisation (du) travail très important" effectué par l'Unesco, "par certains membres".
"Nous mettons tous nos espoirs dans le ou la futur(e) secrétaire général(e) et attendons que cette nouvelle personne à la tête mène les réformes de l'organisation", a-t-il ajouté.
A des journalistes vendredi après-midi, Mme Azoulay a affirmé que sa candidature visait notamment à "restaurer l'efficacité et la crédibilité" de l'agence qui "traverse une crise politique profonde".
Avec AFP