Les autorités camerounaises doutent que la kamikaze arrêtée soit une lycéenne enlevée à Chibok

La mère d'une fille enlevée à Chibok lors d'une marche commémorative, le 14 janvier 2016.

Les autorités camerounaises ont de très forts doutes sur les affirmations de la kamikaze arrêtée qui dit faire partie des 276 lycéennes enlevées en avril 2014 à Chibok par Boko Haram.

"Nous ne pensons pas qu'elle est une fille (élève) de Chibok", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un haut-responsable administratif camerounais, en mettant en avant des incohérences entre l'âge supposé de la kamikaze et ceux des lycéennes enlevées.

Dès samedi, le gouverneur de la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, Midjiyawa Bakari, avait souligné qu'il fallait être très prudent sur ses déclarations.

"Deux kamikazes ont été appréhendées (vendredi) par des membres du comité local de vigilance de Limani", localité de la région de l'Extrême-Nord, frontalière du Nigeria, avait indiqué à l'AFP le gouverneur, précisant que "chacune d'elle portait 12 kg d'explosifs" et "cherchait où se faire exploser".

"L'une d'elles a dit qu'elle faisait partie des filles enlevées (à Chibok) au Nigeria, mais il faut prendre cette déclaration avec beaucoup de prudence", a souligné le responsable: "Elles sont souvent droguées et peuvent raconter n'importe quoi".

La question de l'appartenance ou non de l'une d'elles au groupe des filles enlevées à Chibok sera "clarifiée", avait assuré M. Midjiyawa. Les deux kamikazes ont été remises pour besoin d'enquête à la composante camerounaise de la force régionale chargée de lutter contre Boko Haram.

A la suite de cette arrestation, le Nigeria a décidé d'envoyer au Cameroun une délégation comprenant notamment des parents de lycéennes enlevées pour vérifier les dires de la kamikaze.

"Les familles peuvent venir si elles le souhaitent. Les deux kamikazes sont toujours là", a ajouté le haut-responsable administratif.

Au total, 276 jeunes filles avaient été enlevées le 14 avril 2014 par Boko Haram alors qu'elles se préparaient à passer des examens scolaires, à Chibok, dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, berceau du groupe islamiste, qui a rallié l'organisation de l'Etat islamique (EI).

Cinquante-sept d'entre elles ont réussi à s'échapper dans les heures et les jours qui ont suivi leur rapt, qui avait provoqué une vague d'indignation internationale.

On est toujours sans nouvelles des 219 autres depuis une vidéo publiée en mai 2014 par Boko Haram.

Le groupe, qui a subi d'importants revers ces derniers mois face aux offensives menées par les armées de la région, a multiplié les attentats-suicides, utilisant régulièrement des femmes et filles comme kamikazes.

Avec AFP