Des avocats demandent la libération des détenus de la minorité anglophone du Cameroun

La police anti-émeute patrouille les rues après des échauffourées avec des manifestants, à Douala, Cameroun, 25 février 2008.

Un collectif d'avocats a demandé mardi aux autorités de libérer les personnes détenues dans le cadre de la contestation menée par la minorité anglophone du Cameroun, à neuf jours du procès des principaux accusés.

Le collectif a appelé mardi dans un communiqué les autorités à "libérer les avocats et toutes les autres personnes détenues (...) dans le souci de la dissipation progressive et durable de la crise" anglophone, alors que le procès des leaders de la contestation se tiendra le 27 avril et que les activités des tribunaux en zone anglophone pourraient reprendre le 2 mai.

Ces mêmes avocats avaient déjà introduit auprès de la justice une requête pour la mise en liberté provisoire des accusés, qui sera examinée lors du procès du 27 avril où comparaîtront Félix Agbor Nkongho, avocat, Neba Fontem Aforteka'a, enseignant, et Mancho Bibixy, alias "BBC", animateur de radio, arrêtés en janvier.

Ils "désapprouvent" cependant les démarches du bâtonnier Jackson Ngnie Kamga, qui avait affirmé début avril que les activités des tribunaux anglophones allaient reprendre le 2 mai car "les revendications des avocats anglophones ont été satisfaites"

"Le bâtonnier s'est un peu précipité. Il n'a pas consulté les principaux concernés" (NDLR: les avocats des zones anglophones), a déclaré à l'AFP un avocat sous couvert de l'anonymat.

Au total, 74 personnes sont poursuivies, notamment pour "terrorisme", devant le tribunal militaire de Yaoundé dans 14 procédures distinctes et l'instruction des dossiers d'une dizaine d'autres personnes se poursuit, selon la défense.

Depuis novembre, la minorité anglophone - environ 20% de la population camerounaise estimée à 22 millions - proteste contre sa marginalisation. La grève des avocats, suivie de celle des enseignants des régions anglophones, a dégénéré en crise socio-politique.

Certains anglophones exigent l'instauration du fédéralisme alors que d'autres réclament la partition du pays. Si les cours ont repris par endroits après avoir été suspendus, les tribunaux restent paralysés.

Le gouvernement de Paul Biya a fortement réprimé les contestations qui touchent les deux régions anglophones (sur les dix du pays) et a coupé l'internet dans ces zones depuis trois mois.

Avec AFP