Kiev tente de rassurer les Occidentaux sur sa mise en scène l'affaire Babtchenko

Des militants de plusieurs partis ultranationalistes ukrainiens lancent des pierres et des œufs aux fenêtres du bâtiment Rossotrudnichestvo (Centre russe des sciences et de la culture), à Kiev, le 18 février 2018.

Les autorités ukrainiennes ont reçu vendredi des diplomates occidentaux pour leur fournir des explications concernant la mise en scène du faux assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko, qui a suscité de nombreuses critiques.

Une dizaine de diplomates se sont rendus au parquet général d'Ukraine où cette rencontre à huis clos a duré presque deux heures, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cette réunion avec des diplomates en poste à Kiev des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) avait été annoncée la veille par le procureur général Iouri Loutsenko, qui avait dit à la télévision vouloir "expliquer tout ce qu'on peut expliquer dans le respect du secret de l'enquête".

A cette occasion, "il a été souligné à l'attention de la communauté internationale que seule la stratégie choisie permettait non seulement d'éviter la mort du journaliste, d'empêcher un crime, de documenter les actions de l'organisateur et de recueillir des preuves (...) mais aussi de recevoir des informations concernant de possibles victimes contre lesquelles se préparaient probablement des actes terroristes et des meurtres", a plaidé le parquet dans un communiqué.

Vassyl Grytsak, le chef des services de sécurité ukrainiens (SBU) qui ont organisé cette "opération spéciale", était présent.

Donné pour mort mardi soir, abattu de trois balles dans le dos, le journaliste Babtchenko, virulent critique du Kremlin qui s'est exilé en Ukraine, est réapparu vivant au cours d'une conférence de presse au siège du SBU le jour suivant.

Le SBU et le parquet général ont alors révélé que l'annonce de sa mort, qui avait suscité une vive émotion au-delà de l'Ukraine et la Russie, était une mise en scène.

Le procédé a été présenté comme nécessaire pour déjouer une tentative d'assassinat bien réelle organisée, selon Kiev, par les services secrets russes, visant M. Babtchenko mais aussi une trentaine d'autres personnes, en remontant de l'exécutant aux commanditaires.

Cette affaire a déclenché beaucoup de critiques, notamment de la part des organisations de journalistes qui se sont interrogées sur la nécessité d'un stratagème aussi extrême et sur les accusations de Kiev mettant en cause la Russie avant la révélation de la supercherie.

Berlin a appelé à "faire la lumière" sur "un événement qui est pour beaucoup de gens incompréhensible dans le cadre de l'Etat de droit".

Cette affaire "a définitivement rompu la confiance envers les sources d'informations ukrainiennes, y compris officielles", a dénoncé vendredi un porte-parole de la diplomatie russe Artiom Kojine, au cours d'une conférence de presse. "Après ces événements, il devient clair, et pas seulement pour nous, qu'il faut vérifier plusieurs fois toute information venant de Kiev, car il peut s'agir d'un banal +fake+"

Avec AFP