Baisse des attaques à l'acide au Bangladesh

Victimes d'attaques à l'acides participant à un défilé de mode organisé par ActionAid Bangladesh à Dhaka, le 7 mars 2017.

Le nombre d'attaques à l'acide au Bangladesh, visant principalement des femmes, a baissé dans le pays d'Asie du Sud suite à la mobilisation de la société civile et de l'État.

D'après l'Acid Survivors Foundation (ASF), le Bangladesh a connu huit attaques en 2019, contre 494 en 2002. Cela constitue une baisse de près de 98% en 17 ans, si le chiffre n'évolue pas d'ici la fin de l'année.

"C'est un très bon résultat. Mais notre travail n'est pas terminé. Nous célébrerons lorsque le nombre de ces attaques sera descendu à zéro", a déclaré Samanta Lal Sen, un chirurgien plastique et responsable d'ASF. "Le scénario a complètement changé depuis que j'ai reçu la première victime d'attaque à l'acide en 1986. J'espère que ça atteindra zéro vite", a-t-il ajouté.

Le jet d'acide sulfurique ou nitrique sur le visage de jeunes femmes par des hommes, suite à une histoire amoureuse ou au rejet d'avances, est devenu un fléau de société majeur dans les années 1990 au Bangladesh.

Les victimes en ressortent gravement défigurées avec des os dissous. Dans de nombreux cas, elles perdent complètement une partie du visage. Les victimes d'attaques à l'acide sont souvent ostracisées, particulièrement dans les zones rurales.

Experts et responsables politiques attribuent cette baisse au durcissement des sanctions, à un meilleur suivi de ces agressions par la police et à des campagnes de sensibilisation de la population. "La principale raison est que nous avons mis en place des lois sévères pour combattre ce crime", explique Asaduzzaman Khan, ministre de l'Intérieur du Bangladesh.

En vertu d'une loi de 2002, une personne condamnée d'agression à l'acide est passible de la peine de mort. D'après ASF, au moins 14 personnes ont été condamnées à mort jusqu'en 2018. Quelque 684 personnes ont été arrêtées en lien avec des agressions à l'acide, dont 338 ont reçu des peines de prison à l'issue de procès en procédure accélérée.

Survivante d'une attaque à l'acide, Mosammat Jamila a exprimé sa joie de voir un tel recul des agressions de ce type. "Je ne veux plus jamais entendre que la vie d'une fille est ruinée comme la mienne, et je veux que personne ne subisse les cauchemars dont je souffre", a-t-elle déclaré, en larmes.