Selon les données du département du Travail publiées vendredi, l'économie américaine, qui avait créé en janvier un nombre record d'emplois sur un an à cause de la fermeture partielle des services administratifs, n'a engendré le mois dernier que 20.000 postes, le plus faible niveau depuis septembre 2017.
Le taux de chômage a malgré tout reculé pour retrouver son niveau d'octobre à 3,8% contre 4% en janvier.
La chute des créations de postes a pris les analystes par surprise, eux qui pensaient que le marché du travail allait encore créer 173.000 nouvelles embauches après 311.000 en janvier (chiffre révisé en hausse).
Elle peut refléter le ralentissement annoncé de l'économie américaine mais aussi une variation atypique à cause notamment des effets du "shutdown" et de l'impact des conditions météorologiques, comme le montre le secteur du bâtiment qui a perdu 31.000 postes.
Cette mauvaise performance peut être aussi le signe avéré des difficultés d'embauches dont se plaignent de plus en plus les employeurs depuis des mois.
Le dernier Livre Beige de la Banque centrale américaine (Fed), un rapport de conjoncture paru mercredi, montrait que les entreprises avaient du mal à trouver des employés qualifiés dans un grand éventail de secteurs, allant des technologies de l'information aux transports en passant par l'hôtellerie. Certains ont averti que cela "allait restreindre la croissance de l'emploi", ce qui semble s'être passé.
Pour les analystes de Capital Economics, le ralentissement du marché du travail "est une nouvelle preuve que l'économie américaine s'apprête à chanceler", ce qui devrait entraîner une chute cette année des marchés boursiers mondiaux.
Mais pour Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics, le chiffre décevant de février "n'est pas une tendance" mais seulement le contre-coup du "shutdown" et du climat doux qui a prévalu en janvier.
Lire aussi : Trump avertit la Chine: "le vol d'emplois et de la richesse des Américains, c'est fini"Larry Kudlow, le principal conseiller économique de la Maison Blanche, a quant à lui minimisé la signification de ce chiffre qu'il décrit comme "une anomalie".
"Je n'y prêterais pas attention pour être honnête avec vous", a-t-il lancé sur la chaîne CBNC citant le calendrier, la fermeture de l'administration et les paramètres saisonniers comme autant de facteurs incertains.
Les très fortes créations d'emplois du début de l'année avaient été notamment gonflées par la vague de fonctionnaires cherchant un emploi temporaire alors que les services administratifs ont fermé pendant plus d'un mois à cause d'un bras de fer sur le financement du mur anti-immigration voulu par le président Donald Trump.
En février, on observe ainsi une forte chute des postes à temps partiels, avec 837.000 postes en moins.
Ces moindres créations d'emplois n'ont paradoxalement pas fait augmenter le taux de chômage qui a perdu 0,2 point de pourcentage pour s'établir à 3,8%, un chiffre déjà atteint en octobre.
Cela s'explique notamment par le fait que le taux de participation au marché du travail est resté le même à 63,2%.
Le nombre de chômeurs a décliné de 300.000 à 6,2 millions. "L'économie est très, très solide", a affirmé le président Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche vendredi peu après la publication de ces chiffres.
Au rang des bonnes nouvelles, la rémunération horaire a grimpé de 0,4%, au-dessus des prévisions des analystes, ce qui représente une augmentation de 3,4% sur un an, la plus forte depuis presque dix ans alors que l'inflation est proche des 2%.
En cette Journée internationale des droits des femmes, le président Trump a préféré ignorer la chute des embauches pour se réjouir, dans un tweet, de la réduction du taux de sans-emplois des femmes. "Le taux de chômage est en recul à 3,6% alors qu'il était à 7,9% en janvier 2011. Tout va bien", s'est félicité le président américain.
Le taux de chômage des femmes noires (7%) est à plus du double de celui des femmes blanches (3%).