Opposé à Portland, l'intérieur, maillot noir et flocage blanc dans le dos, devait se libérer de la pression qu'il a accumulée toute la saison. Ce fut le cas avec une envie qui a sauté aux yeux, double-double en prime.
"Je crois que j'aurais pu faire plus pour aider mon équipe à gagner ce match, on doit continuer à apprendre", a-t-il déclaré après la rencontre. "On n'a pas joué à notre meilleur pendant trois quart-temps mais dans le quatrième on a vraiment dominé, ça montre la vraie personnalité de l'équipe", a souligné "Wemby", qui a rassuré les fans des Spurs.
Avec brio, l'intérieur de 2,24 m a compilé 27 points, récupéré 12 rebonds en 27 minutes tout en étant, une nouvelle fois, un protecteur de haut niveau (3 contres). Surtout, là où il était attendu, le joueur des Spurs a corrigé la mire aux tirs (9/14). De quoi raviver la ferveur du Thomas & Mack Center.
Vendredi, lors de sa première apparition avec le maillot de la franchise texane, le Français de 19 ans avait été en difficulté offensivement avec un manque évident de précision (2/13 aux tirs).
Cette performance en demi-teinte avait soulevé quelques interrogations concernant sa future adaptation. "Je me suis senti perdu sur le parquet", avait concédé Victor Wembanyama, également usé par certaines "obligations médiatiques" comme il l'a expliqué après le match contre Portland: "La majorité de mon emploi du temps n'était même pas dédié au basket et c'est regrettable".
Dimanche, l'intérieur a néanmoins convaincu tout le monde. Quelques imprécisions ont demeuré dans le premier quart-temps, au sein d'une faible équipe des Spurs, mais le Tricolore a fait le choix de se rapprocher du panier, avec autorité.
Les mots de Kareem Abdul-Jabbar
Au début du troisième quart temps, une action a symbolisé l'activité débordante du Français dimanche: shoot manqué, rebond offensif, tir de près, panier avec la faute en prime. L'envie était là, les sourires aussi des milliers de spectateurs de la salle du sud de Las Vegas. "Ici en Summer League, il y a plus d'espace sur le parquet (par rapport à l'Elite, le championnat de France), plus de talents aussi, je préfère." a jugé Wembanyama.
Samedi, lors d'une opération de communication avec Kareem Abdul-Jabbar (meilleur joueur de la ligue en 1971, 1972, 1974, 1976, 1977, 1980), l'intérieur avait évoqué son adaptation.
"Je ne suis qu'un rookie, je dois encore tout apprendre. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais (lors du premier match, ndlr), et les prochains matches je ne saurai probablement pas non plus... Cela va venir avec le temps", avait déclaré Wembanyama, rappelant aussi son jeune âge: "Je suis comme un enfant en ce moment, mais je suis prêt à apprendre."
"Vous avez des choses à apprendre, mais on sent que vous êtes un jeune homme intelligent, et vous y arriverez", avait abondé l'ancien pivot aux six titres de champion, Kareem Abdul-Jabbar. Dans le mille, l'intérieur a déjà su procéder à des ajustements, payants.
Le signal Gregg Popovich
Wembanyama va continuer de travailler cet été et souffler, aussi. "Je sens que j'ai vraiment besoin de repos", déclarait-il vendredi. La saison du Français est probablement enfin terminée, lui qui a refusé de participer à la Coupe du monde avec les Bleus. Désormais place à la NBA: "Pour moi la véritable première, elle sera en octobre", avait souligné Wembanyama.
Le signal envoyé par les Spurs avec la prolongation du légendaire entraîneur Gregg Popovich pour les cinq prochaines saisons a été reçu. "C'est un signe de sa part et de la franchise qu'ils comptent sur ce projet" a apprécié dimanche le prodige, qui compte désormais se faire plus discret avant ses grands débuts en NBA en octobre.
"Comme je ne participe pas à la Coupe du monde, nous avons deux ou trois mois formidables qui s'annoncent. Et ils vont changer ma vie. Je vais probablement disparaître des médias" pendant cette période, a-t-il prévenu.
Il a illuminé la rencontre et fait valoir son statut de numéro un de la draft: Victor Wembanyama a participé dimanche à son deuxième match de Summer League avec San Antonio, perdu 80 à 85.