Le général Bassolé, ancien chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, a toutefois réfuté le contenu des écoutes, lors de sa deuxième comparution au procès du coup d'Etat manqué à Ouagadougou.
Accusé de "trahison, complicité d'attentat à la sûreté de l'État, meurtres, coups et blessures" lors du putsch du 16 septembre 2015 (14 morts et 270 blessés), il risque la prison à perpétuité.
Il est poursuivi sur la base de l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'il aurait eue avec le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch du 16 septembre 2015. Ses avocats ainsi que Guillaume Soro ont toujours qualifié cette conversation largement diffusée dans les médias de "montage".
"Mes conversations avec Soro? Nous avions l'habitude de nous appeler. Il était en contact avec tout le monde même avec l'ancien Premier ministre Isaac Zida", a expliqué M. Bassolé.
"Mes échanges avec lui n'ont rien à voir avec le contenu des écoutes mais (portaient) plutôt sur la situation et (avaient lieu) dans le cadre d'une recherche de solution, notamment le désarmement", a-t-il souligné.
Lire aussi : Djibril Bassolé devant la justice"Je n'ai nullement été mêlé à ce coup d'État. Je n'ai jamais compris ce qui se passait", a-t-il déclaré "Pour moi, ce n'était qu'une énième crise du RSP", l'ex régiment de sécurité présidentielle.
Vêtu d'un boubou, Djibrill Bassolé, 61 ans, qui bénéficie d'une liberté provisoire pour raisons de santé, est resté assis sur une chaise face au tribunal.
L'audience a été suspendue jusqu'au 7 janvier en raison des fêtes de fin d'année.
"Le fait qu'il ait parlé dans le cadre de la recherche de solution à la crise (...) avec des personnes étrangères au Burkina Faso n'est pas un secret. Dès sa présentation au juge et sans même lui avoir présenter les écoutes, il avait déjà abordé la question. Cela n'accrédite pas l'élément principal qui est retenu contre lui: la conversation Bassolé- Soro qui est pour nous, et on va le démontrer, un trucage", a commenté un de ses avocats Me Dieudonné Bonkoungou à l'issue de l'audience.
Lire aussi : La défense de Diendéré dénonce une instruction "à charge" au procès du putschMe Guy Hervé Kam, un des avocats de la partie civile, a en revanche souligné que "même si le général dit ne pas reconnaître les écoutes, il y a des propos très enrichissants qui figurent dans le dossier. La suite est beaucoup attendue. Nous avons été agréablement surpris que le général reconnaisse la plupart des écoutes. C'est la nature, le caractère de ces écoutes qui ont été manipulées ou pas qui va faire l'objet de débats. Je pense qu'on avance dans le bon sens"
Selon le parquet militaire, le général Bassolé était de "collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure", en préparant leur entrée pour consolider le putsch du général Diendéré.
Lors du putsch, le gouvernement de la transition avait dans un communiqué affirmé, avoir "connaissance de la mobilisation de forces étrangères et de groupes jihadistes" appelés au secours des putschistes dans la réalisation de leur "funeste dessein".
Au total, 84 accusés sont jugés depuis février, dont le général Gilbert Diendéré, principal accusé et cerveau présumé du coup de force manqué, qui a comparu pendant deux semaines, avant M. Bassolé.
Lire aussi : Diendéré met en cause les chefs de l'arméeLe 16 septembre 2015, des soldats du régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré.
Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par une insurrection populaire après 27 ans au pouvoir.