Le Bénin mise sur le tourisme pour dynamiser son économie

Dans les rues de Cotonou, Bénin, le 16 octobre 2016. (VOA/Ginette Fleure Adande)

Avec ses plages bordées de palmiers, un patrimoine historique remarquable et ses parcs animaliers, le Bénin n'a rien à envier aux plus belles des destinations africaines... sauf leur nombre de touristes. Un manque à gagner que le gouvernement a décidé de corriger.

Le secteur ne représente que 0,7% du PIB. Le petit pays d'Afrique de l'Ouest n'a attiré que 200.000 personnes en 2014-2015 (derniers chiffres officiels), loin du très jalousé Sénégal, autre perle de la région, avec son million de visiteurs en moyenne par an.

"Sans rien faire, on a 200.000 personnes. Imaginez qu'avec un peu d'efforts on peut doubler ce chiffre-là", explique à l'AFP José Pliya, directeur de l'Agence nationale pour le tourisme.

L'agence, mise en place il y a quelques mois, est le pivot de cette nouvelle priorité économique, décidée par le président Patrice Talon pour dynamiser l'économie béninoise.

"Notre objectif d'ici la fin du quinquennat est d'atteindre 700.000 touristes", poursuit M. Pliya, grâce à un investissement de 600 milliards de francs CFA (près d'un milliard d'euros) sur 5 ans, financé notamment par un emprunt à la Banque Mondiale. "Un effort sans précédent", selon lui.

Dans son petit bureau, situé dans l'ancien fort portugais de Ouidah, le conservateur du musée Bertin-Calixte Biah se réjouit que l'Etat mette enfin "les moyens".

"Il faut faire un inventaire du patrimoine, former des guides, mettre en place une politique de promotion culturelle, ça coûte une fortune", explique le vieux monsieur, assurant toutefois qu'il "attend de voir les promesses se réaliser".

Tourisme d'affaires panafricain

Ouidah, petite ville au bord de l'océan Atlantique, est l'ancien port des esclaves d'Afrique de l'Ouest en partance pour le Nouveau Monde. Dans le nouveau plan du gouvernement, elle sera la vitrine touristique du pays.

La cité a des airs de Salvador de Bahia défraîchie, mais elle offre à elle seule des plages immenses, des villages lacustres nichés sur la lagune, des forts datant de l'époque coloniale ainsi qu'une forte culture de la tradition vaudou.

Des groupes d'Allemands, Belges, Italiens ou Français viennent se prendre en photos, pythons autour du cou, ne sachant pas trop si la scène doit les amuser ou les terrifier.

"Ne vous inquiétez pas, leur lance le guide, ils sont sacrés, ils ne vous feront pas de mal!"

"Ouidah est un musée vivant", note le directeur de l'Office du tourisme, Modeste Zinsou. "Le tourisme a un impact économique direct sur la population, il paie des hôteliers, mais aussi les villageois, conducteurs de pirogues ou pêcheurs. Le problème c'est que le Bénin n'est pas très connu", regrette-t-il.

Un des problèmes récurrents du pays était les tracasseries administratives. L'Etat a donc exempté de visas 30 pays africains début février pour encourager un tourisme d'affaires avec le reste du continent. Une mesure que les acteurs du secteur souhaitent voir étendue aux pays occidentaux.

"Les Africains en règle générale ne sont pas dans cette culture du tourisme de loisir, qui est beaucoup plus occidentale", note M. Pliya.

"Or, notre objectif c'est de changer la donne, c'est que ceux qui viennent faire du tourisme d'affaires prennent un jour ou deux pour aller faire du loisir. Nous voulons créer de nouveaux touristes", explique-t-il.

Avec AFP