Le président bissau-guinéen dénonce des malversations sous son ancien Premier ministre

Le président bissau-guinéen José Mario Vaz, 26 janvier 2016.

Le président José Mario Vaz a affirmé que quelque 100 millions d'euros de recettes fiscales avaient été détournés sous son ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, dont le limogeage est à l'origine de la crise politique traversée par le pays.

"C'est triste, c'est comme si ce pays avait été envoûté. Ce sont 62 milliards (environ 95 millions d'euros) qui ont été détournés", a déclaré M. Vaz vendredi soir lors d'une réception offerte par le ministre de l'Intérieur, Botché Candé.

Selon lui, ce sont de telles pratiques qui l'ont conduit à limoger en août 2015 le gouvernement de M. Pereira, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), auquel tous deux appartiennent.

Sollicité par l'AFP, l'entourage de M. Pereira n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.

"Quand j'ai dénoncé pour la première fois la corruption dans l'appareil d'Etat, des gens m'ont reproché de n'avoir présenté aucune preuve. Je ne me suis pas précipité car chaque chose en son temps", a ajouté le président.

"Aujourd'hui, les preuves existent", a déclaré M. Vaz, visiblement en colère, qui avait apporté un volumineux dossier dans lequel se trouvaient selon lui des justificatifs, sans indication sur leur provenance.

"Où sont passées les recettes des douanes et des impôts qui en temps normal, rapportent 4 à 5 milliards de FCFA (6 à 7,6 millions d'euros, NDLR) par mois?" a-t-il insisté.

"Les auteurs de ces malversations doivent répondre de leurs actes. Même le président doit répondre devant la justice", a poursuivi M. Vaz, soulignant qu'une commission anticorruption avait été créée.

Un nouveau Premier ministre désigné en novembre pour sortir de la crise politique, Sissoco Embalo, a prêté serment avec son gouvernement le 13 décembre, mais le PAIGC l'a rejeté comme ses prédécesseurs, accusant M. Vaz d'avoir violé l'accord de Conakry.

Cet accord, signé le 14 octobre sous l'égide du chef de l'Etat guinéen Alpha Condé, dans le cadre d'une médiation des Etats d'Afrique de l'Ouest, prévoyait une "procédure consensuelle" pour choisir un Premier ministre "ayant la confiance du président" devant rester en place jusqu'aux élections législatives de 2018.

Selon la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.

Or, le PAIGC ayant perdu sa majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, M. Vaz veut s'appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, et des 15 frondeurs.

Avec AFP