Anthony Blinken de retour en Israël

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken avec le président israélien Isaac Herzog.

L'armée israélienne a poursuivi mardi ses bombardements contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, alors que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, effectue une nouvelle visite en Israël pour essayer d'éviter que le conflit ne s'étende à la région.

Un correspondant de l'AFP a fait état de bombardements intenses dans la nuit à Khan Younès et Rafah, les grandes villes du sud du territoire palestinien assiégé, où des milliers de personnes ont trouvé refuge depuis le début de la guerre le 7 octobre.

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De son côté, l'armée israélienne a annoncé que ses forces avaient tué environ 40 militants au cours des dernières 24 heures dans le cadre d'"opérations terrestres élargies comprenant des frappes aériennes" à Khan Younès, et que ses troupes avaient saisi des armes.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque sanglante du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien qui a tué environ 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien. Les frappes de l'armée israélienne, qui a juré de détruire le Hamas considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, ont fait plus de 23.210 morts, majoritairement des femmes et des mineurs, selon un dernier bilan mardi du Hamas.

Dans un discours prononcé mardi à Doha, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a appelé les pays musulmans à le "soutenir" dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza en lui fournissant "des armes". Les craintes d'une escalade régionale du conflit entre Israël et ses autres ennemis, une alliance informelle de groupes armés soutenus par l'Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, n'ont cessé de croître.

"Moment très difficile"

Lundi, des sirènes alertant sur des tirs de roquettes ont retenti dans le centre et le sud d'Israël, ainsi qu'à proximité de la frontière avec le Liban, où les frappes israéliennes et les échanges de tirs avec le mouvement islamiste Hezbollah soutenu par l'Iran font craindre un risque d'extension du conflit vers le nord.

Toujours lundi, le Hezbollah a annoncé la mort de Wissam Hassan Tawil, un de ses "commandants", dans une frappe israélienne, ce qui constitue une première depuis octobre pour ce mouvement. En représailles, le Hezbollah a annoncé mardi avoir visé, à l'aide de plusieurs drones suicides, un centre de commandement de l'armée israélienne dans le nord du pays.

Deux autres figures centrales du Hamas ont été tuées dans des frappes ces derniers jours: l'un, Hassan Akasha, en Syrie lundi, et l'autre, Saleh al-Arouri, tué début janvier au Liban.

Dans ce contexte, le secrétaire d'Etat américain, qui effectue sa quatrième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre, était de retour en Israël mardi. Des entretiens avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et des membres de son cabinet de guerre, y compris Benny Gantz, figure de l'opposition, sont prévues dans la journée.

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Après s'être entretenu avec le président Isaac Herzog en début de matinée, M. Blinken a évoqué le "moment très difficile" que traverse Israël, tout en disant que le pays avait des "chances réelles" d'intégration avec ses voisins arabes.

Il avait déclaré lundi soir avoir discuté, lors d'une visite en Arabie saoudite, de la normalisation des liens avec Israël. Les négociations sur une possible normalisation avec Israël avaient été suspendues une semaine après le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Il avait également dit que Washington allait travailler avec les pays de la région pour la reconstruction et la stabilisation de Gaza, devenue "inhabitable" selon l'ONU.

Lundi, le président américain, Joe Biden, a affirmé lundi qu'il travaillait "discrètement avec le gouvernement israélien pour l'amener à réduire" la présence de ses troupes à Gaza. Dans ce petit territoire, les bombardements ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.

"Politique déclarée" de famine

Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire en cours dans la territoire où 85% de la population a été déplacée et où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes. Le Conseil des relations américano-islamiques, plus grande organisation de défense des droits civiques musulmans aux Etats-Unis s'est joint lundi à l'organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem pour condamner une "politique déclarée" de famine à Gaza menée par Israël.

L’armée israélienne a parallèlement annoncé une nouvelle phase de la guerre à Gaza. Le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari, a indiqué au New York Times qu'elle impliquerait moins de soldats et de frappes aériennes, et ajouté que le déploiement des troupes serait réduit à partir de janvier.

"Bien qu'il y ait encore des terroristes et des armes dans le nord, ils n'agissent plus dans un cadre militaire organisé", a-t-il déclaré pendant un point presse, ajoutant que les troupes "opéraient désormais différemment dans cette zone". Il a aussi rappelé que les combats se poursuivraient courant 2024.

Le conflit a aussi fait monter la violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Et depuis le début de la guerre, les hostilités transfrontalières ont fait plus de 180 morts au Liban, incluant plus de 135 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP. Côté israélien, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.