Blinken retourne au Proche-Orient en quête de cessez-le-feu à Gaza

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken sur le tarmac de l'aéroport Berlin-Brandebourg, le 18 octobre 2024 à l'issue de sa visite en Allemagne. AFP / Andrew Caballero-Reynolds

Antony Blinken a quitté Washington lundi en direction d'Israël, à deux semaines de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, dans l'espoir de capitaliser sur la mort du chef du Hamas et parvenir à un cessez-le-feu à Gaza. La Maison Blanche a aussitôt cherché à tempérer les attentes.

"Je ne peux pas vous dire que les négociations vont reprendre à Doha, au Caire ou où que ce soit ailleurs", a fait savoir le porte-parole John Kirby devant la presse. Il s'agit du 11e voyage au Moyen-Orient du secrétaire d'Etat américain depuis le début de la guerre dévastatrice à Gaza, provoquée par le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Lors de sa dernière visite en Israël, en août, M. Blinken, chef de la diplomatie américaine, avait prévenu qu'il s'agissait peut-être de la "dernière chance" pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza sous l'égide des pays médiateurs: Etats-Unis, Qatar et Egypte. La tentative avait échoué, le conflit s'est depuis intensifié, et même élargi au Liban contre le Hezbollah, allié de l'Iran et proche du Hamas. La communauté internationale attend aussi, fébrilement, la riposte israélienne à l'attaque de l'Iran, qui a lancé 200 missiles vers Israël début octobre.

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Antony Blinken entame une nouvelle tournée pour un cessez-le-feu à Gaza


Mais le président Joe Biden, qui avait lui-même présenté le 31 mai un plan de cessez-le-feu en trois phases à Gaza prévoyant la libération des otages encore retenus par le Hamas, a vu l'occasion de relancer les négociations, au point mort depuis l'été, après la mort du chef du mouvement islamiste palestinien, Yahya Sinouar, tué la semaine dernière par Israël. "Le moment est venu d'aller de l'avant, de progresser vers un cessez-le-feu", a déclaré le président américain vendredi dernier en Allemagne, en annonçant qu'il dépêchait son chef de la diplomatie dans la région.

"Beaucoup plus d'aide"

Le déplacement du secrétaire d'Etat intervient quelques jours après qu'il a, avec le ministre de la Défense Lloyd Austin, averti Israël que les Etats-Unis pourraient suspendre une partie de leur aide militaire, qui se chiffre en milliards de dollars, si le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne permettait pas, dans les 30 jours, l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire palestinien dévasté et où se poursuivent les frappes israéliennes, notamment dans le nord. L'ONU y a qualifié la situation humanitaire de catastrophique. "On a besoin de voir beaucoup plus d'aide entrer à Gaza", a fait valoir la Maison Blanche, qui précise que ce sera l'un des principaux sujets de discussion avec les Israéliens.


La guerre dans la bande de Gaza empoisonne la fin de mandat du président Joe Biden et pourrait nuire à la vice-présidente et candidate démocrate Kamala Harris, engagée dans une course ultra serrée face au républicain Donald Trump pour le scrutin du 5 novembre. Nombre de démocrates s'offusquent du soutien quasi inconditionnel apporté par les Etats-Unis à Israël. Donald Trump accuse de son côté l'administration démocrate de mettre des bâtons dans les roues du dirigeant israélien, en tentant de le "retenir", lui qui l'appelle, au contraire, à "finir le travail" à Gaza.

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Explosion de bipeurs au Liban, les États-Unis nient toute implication

"Le jour d'après"

Antony Blinken arrivera en Israël mardi pour une série d'entretiens, avant de se rendre dans plusieurs capitales arabes jusqu'à vendredi, selon le département d'Etat qui n'a toutefois pas précisé lesquelles. Il y "discutera de l'importance de mettre fin à la guerre à Gaza, de garantir la libération de tous les otages et d'alléger les souffrances du peuple palestinien", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué. Il plaidera également en faveur d'une "solution diplomatique" au Liban, où les Etats-Unis se sont abstenus d'exiger un cessez-le-feu immédiat.


Il sera aussi question de préparer le "jour d'après" la guerre en matière de reconstruction et de gouvernance dans le territoire palestinien où la tâche s'annonce gigantesque, selon le département d'Etat. Peu de détails concrets ont filtré sur ces préparatifs, notamment pour savoir qui pourra y assurer la sécurité, mais les pays arabes ont dit ne pas être prêts à payer seuls la facture sans perspective de création d'un Etat palestinien, ce qu'Israël rejette. En parallèle, les Etats-Unis font miroiter la possibilité d'une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, ce qui constituerait un tournant historique dans la région.