Dilma Rousseff affirme que sa destitution "n'apportera pas de stabilité politique"

La Présidente Dilma Rousseff du Brésil à Brasilia , au Brésil , le 23 Mars , 2016.

La présidente du plus grand pays d'Amérique latine sait que son mandat ne tient plus qu'à un fil devant le Sénat.

Visiblement éprouvée, moins combattive que d'habitude, Mme Rousseff s'est livrée à une longue plaidoirie pédagogique, parfois brouillonne, lors de sa première conférence de presse aux correspondants de presse étrangers.

Deux jours après qu'une majorité écrasante de députés (367 sur 513) ont ouvert la voie à son "impeachment", l'impopulaire dirigeante de gauche a même pour la première fois évoqué au futur sa possible destitution:

"Elle n'apportera pas de stabilité politique au Brésil. Pourquoi? Parce que c'est une rupture avec la base de la démocratie", a déclaré Mme Rousseff, rappelant avoir été réélue en 2014 par plus de 54 millions d'électeurs.

La procédure est à présent entre les mains du Sénat, qui pourrait écarter Mme Rousseff du pouvoir dès la première quinzaine de mai pendant un maximum de six mois par un vote à la majorité simple, en attendant un jugement final.

"Ce à quoi nous assistons n'est pas un processus d'impeachment, mais une tentative d'élection indirecte provenant d'un groupe qui n'aurait pas les conditions de se faire élire" à la régulière, a-t-elle.

Mme Rousseff visait son ex-allié devenu rival, le vice-président Michel Temer qui brigue ouvertement son fauteuil et consulte déjà en vue de former un gouvernement qu'il veut d'"unité nationale".

Cette procédure de destitution "est un coup d'Etat", a répété Mme Rousseff. "Il est entaché d'un péché originel parce qu'il ne repose sur aucune des bases légales" prévues par la Constitution pour motiver la destitution d'un président.

L''opposition accuse Mme Rousseff d'avoir maquillé les comptes publics en 2014 pour dissimuler aux Brésiliens l'ampleur des déficits publics et se faire réélire, ainsi qu'en 2015.

Concrètement, le gouvernement a fait supporter provisoirement par des banques publiques des dépenses lui incombant dans le cadre de la Loi de finances votée au parlement, et il a longuement tardé à les rembourser.

"On veut me destituer pour des questions techniques de comptabilité publique", s'est défendue Mme Rousseff, réitérant que tous ses prédécesseurs ont eu recours à ce type de "pédalages" budgétaires sans jamais avoir été inquiétés.

Avec AFP