Après l'éclatement de la crise financière en 2007, le dossier social avait été quelque peu délaissé à Bruxelles. Mais depuis son arrivée à la tête de l'exécutif européen fin 2014, le président de la Commission Jean-Claude Juncker n'a cessé d'insister sur l'importance de ce sujet.
"Je veux mettre les priorités sociales au cœur du travail de l'Europe, là où elles doivent être", a déclaré M. Juncker, cité dans un communiqué.
L'ancien Premier ministre luxembourgeois entend ainsi répondre à la défiance anti UE, ressentie avec une acuité toute particulière depuis la victoire des partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union en juin 2016.
A cet égard, le Brexit pourrait être une opportunité pour ramener le social au cœur de l'action européenne, Londres ayant toujours été vent debout contre une trop grande implication de l'UE dans ce domaine.
Pour ouvrir ce chantier, la Commission a publié un "socle européen des droits sociaux", où sont énumérés vingt principes visant à répondre aux grands défis du 21e siècle, tels que la mondialisation, le vieillissement de la population et la numérisation qui ont bouleversé les équilibres dans l'UE.
Cette sorte de charte aux grands principes non contraignants est conçue au départ pour les 19 pays de la zone euro mais elle pourrait être appliquée par tous les Etats membres de l'UE.
Nouveau droit pour les pères
Parallèlement, la Commission européenne fait une série de propositions législatives concrètes pour mieux concilier travail, congé parental et paternel ainsi que les soins aux parents âgés.
L'idée générale est d'accroître les possibilités pour les hommes de prendre leurs responsabilités parentales et par ricochet d'améliorer la situation sur le marché du travail des femmes, en général toujours plus sollicitées que leurs conjoints pour garder les enfants.
Ces proposition devront encore être discutées, voire amendées avant leur approbation par le Conseil (qui représente les Etats membres de l'UE) et le Parlement européen.
Le texte de l'exécutif européen instaure tout d'abord un nouveau droit pour les pères de prendre au moins un congé de 10 jours de travail autour de la naissance de leur enfant.
C'est un peu plus qu'actuellement en France par exemple, où les pères peuvent prendre au maximum 11 jours consécutifs au plus (samedi, dimanche et jour férié compris).
Ces dix jours non travaillés seront rémunérés au moins au niveau des indemnités maladies, stipule la Commission dans son texte.
Elle propose également d'étendre la possibilité de prendre un congé parental de quatre mois pour s'occuper d'enfants jusqu'à ce qu'ils aient 12 ans (pour l'instant, il prend fin à leurs 8 ans).
Ce congé parental devient un droit individuel pour les mères et pour les pères (sans qu'il s'agisse d'un transfert de 4 mois pour l'autre parent), une forte incitation pour les hommes de recourir à ce droit, écrit la Commission.
Pour la première fois, est également instaurée la possibilité de prendre un congé de 5 jours par an, en cas de maladie d'un proche. Une réponse directe au vieillissement de la population, où de plus en plus d'actifs sont sollicités pour prendre soin de leurs parents âgés et souffrants.
Avec AFP