Désigné par l'armée comme chef intérimaire après la chute du président Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Isaac Zida a réitéré sa promesse de la veille d'une transition "dans un cadre constitutionnel", "dirigée par une personnalité consensuelle", à en croire le roi des Mossi.
Le lieutenant-colonel Zida, entouré d'une demi-douzaine de militaires, a rendu visite au Mogho Naba, chef très respecté de la plus importante communauté burkinabè, qui l'a reçu assis sur son trône, avec à ses côtés l'archevêque Philippe Ouédraogo et l'imam Sana, le chef de la communauté musulmane.
"Ils sont venus nous dire qu'ils vont remettre le pouvoir aux civils. Nous les avons encouragés à aller dans ce sens. Le pays doit retrouver la quiétude et la paix afin d'envisager son développement", a déclaré le Mogho Naba sur le perron de son palais après l'entretien.
L'officier subit une forte pression internationale, notamment de la part de ses deux principaux alliés, Washington et surtout Paris, qui est enfin sorti de son silence pour exiger dans la nuit de lundi à mardi un transfert rapide du pouvoir aux civils.
Il devait rencontrer mardi midi le président du Conseil constitutionnel. Ce dernier ne s'est pas exprimé depuis le début de la crise, en dépit de l'annonce par l'armée vendredi de la suspension de la Constitution et de la dissolution de l'Assemblée nationale.
L'opposition, qui rencontrait de son côté les représentants de la médiation tripartite conduite par l'ONU, la Cédéao -l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest- et l'Union Africaine (UA), s'est contentée d'une déclaration prudente.
Evoquant un "certain nombre de concertations en cours" sur la mise en place d'un régime de transition, le chef de file de l'opposition Zéphirin Diabré a déclaré : "Il faut voir quel modèle est adapté à la situation et au contexte".
De son côté l'ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès, réagissant pour la première fois aux événements, a signalé sa "totale disposition à travailler avec les autorités de transition".