Burundi : l’opposition exige l'annulation des enregistrements des électeurs pour fraude massive

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Dix-huit partis d’opposition ont exigé mercredi l’annulation de l’enregistrement des électeurs suite à la fraude massive qu’ils dénoncent depuis fin novembre.

Dans une lettre adressée à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), les 18 partis demandent l’annulation de ce qu’ils qualifient de "résultat du pseudo-enrôlement".

Ils affirment avoir donné, à la Céni, des preuves innombrables d'une opération de fraude massive organisée par le parti au pouvoir.

Parmi ces preuves, ils évoquent des fraudes à la carte d'identité. Une coalition de l'opposition, l'Alliance démocratique pour le changement (ADC-Ikibiri) qui regroupe une dizaine de partis, avait déjà dénoncé la "distribution massive" de cartes d'identité aux membres du parti au pouvoir par les administrations locales, et leur refus d'en délivrer aux sympathisants de l'opposition.

La conférence des évêques catholiques du Burundi a fait état, dimanche, de "beaucoup d'irrégularités" dans les opérations d'enregistrement.

Le ministre de l'Intérieur Edouard Nduwimana a reconnu "pas mal d'irrégularités".

Le président de la commission, Pierre-Claver Ndayicariye a aussi indiqué que la Céni partageait le constat qu'il y a eu un certain dysfonctionnement.

Jusqu’à lundi soir, la Céni avait enregistrés quelque 3,2 millions d'électeurs. Mais l'Institut des statistiques du Burundi estime le nombre d'électeurs à 4,8 millions. Le processus a été prolongé jusqu'au vendredi 12 décembre.

La communauté internationale a exprimé depuis plusieurs mois ses inquiétudes sur les tensions croissantes au Burundi à l'approche des élections de 2015, sur fond de violence politique et d'entraves aux libertés.

Dans une note confidentielle qui avait fuité, l'ONU a fait état de distributions d'armes à des membres de l'aile jeunesse du parti au pouvoir, ce que Bujumbura a démenti.

L'histoire de ce petit pays des Grands Lacs est jalonnée de massacres ethniques et le pays a connu une sanglante guerre civile entre 1993 et 2006. Les précédentes élections de 2010, boycottées par l'opposition, avaient débouché sur des violences.