Egide Mwemero "a été libéré dans la plus grande discrétion le 27 septembre de la prison de Makala à Kinshasa", a indiqué RSF dans un communiqué. "Il est aujourd'hui à Kigali, au Rwanda, où il a rejoint sa famille".
M. Mwemero avait été arrêté le 13 octobre 2015 au Sud-Kivu, province de l'est de la RDC frontalière du Burundi et du Rwanda, quelques jours après le lancement d'une émission quotidienne consacrée au Burundi en kirundi (langue du Burundi parlée également au Sud-Kivu) sur une radio communautaire locale.
Les autorités provinciales avaient justifié son arrestation par des "raisons sécuritaires" et accusé la radio de propager "des propos (menaçant) sérieusement la paix au Burundi".
M. Mwemero, incarcéré successivement dans une prison militaire puis à la prison centrale de Makala, était inculpé par le parquet d'"espionnage" et "séjour irrégulier" en RDC, mais un juge civil ayant finalement examiné le dossier en juillet 2016 "a affirmé que rien ne pouvait être retenu contre le journaliste", selon RSF.
"Egide Mwemero a été victime de la collaboration des gouvernements burundais et congolais pour museler toute information critique", a soutenu Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF, citée dans le communiqué.
Egalement cité dans le communiqué, M. Mwemero, qui aurait subi de mauvais traitements en prison, a déclaré: "Je ne suis pas découragé et je vais continuer".
Egide Mwemero travaillait auparavant à la Radio publique africaine (RPA), la radio la plus écoutée du Burundi. Accusée par le pouvoir d'être une radio d'opposition, elle avait été fermée fin avril et avait réémis brièvement en mai pendant le putsch manqué contre le président Pierre Nkurunziza.
Le Burundi est plongé dans une grave crise émaillée de violences et de nombreux cas de torture depuis que Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé, avant d'être réélu en juillet.
Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays, qui figure en 2016 à la 156e place (sur 180) au classement de la liberté de la presse dans le monde établi par RSF.
Depuis le début des violences, la quasi-totalité de la presse indépendante burundaise a été réduite au silence, notamment par le biais d'arrestations, et une centaine de journalistes ont fui le pays.
Avec AFP