Catalogne: la justice maintient en prison l'ex-vice-président indépendantiste

L'ancien vice-président indépendantiste catalan Oriol Junqueras, incarcéré pour "rébellion" présumé, 2 novembre 2017.

La Cour suprême espagnole a décidé de maintenir en prison l'ancien vice-président indépendantiste catalan Oriol Junqueras, incarcéré pour "rébellion" présumée et qui vient d'être réélu député régional.

Les trois magistrats composant la chambre d'appel de la Cour, saisis contre la décision de placement en détention prise par le juge en charge de l'affaire, ont décidé à l'unanimité de confirmer son ordonnance, a-t-on appris auprès d'un porte-parole de la Cour.

Pour les magistrats, il y a bien dans le dossier des "indices" de "rébellion, sédition et malversation de fonds" de la part de M. Junqueras, incarcéré depuis deux mois.

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En outre, la possibilité de récidive ne peut être écartée "car aucune donnée ne permet de déduire que le plaignant a l'intention d'abandonner la voie qu'il a suivie jusqu'à maintenant".

Quelques jours après la déclaration d'indépendance de la "République catalane" votée par le parlement régional, Oriol Junqueras, docteur en histoire de 48 ans, avait été inculpé pour "rébellion" et "sédition" notamment, soupçonné d'avoir participé à un complot devant mener la région à rompre unilatéralement avec l'Espagne.

Vice-président en charge des affaires économiques, M. Junqueras était notamment chargé de mettre en place une administration fiscale indépendante.

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La cour valide donc la décision du juge Pablo Llarena, qui avait déjà refusé, début décembre, de le laisser en liberté en considérant que le risque de répétition du délit reproché était trop élevé.

Sa défense avait pour sa part insisté sur sa volonté de "dialogue" et son souhait d'être libre pour pouvoir représenter les citoyens qui l'ont élu lors des élections du 21 décembre en Catalogne, en tant que tête de liste du deuxième parti indépendantiste catalan, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC).

La cour se défend de tout procès politique, soulignant que le fait d'être indépendantiste "est légitime puisque la Constitution admet la défense de n'importe quelle position politique".

Mais cela doit se faire "sans commettre de délits", argumentent les magistrats.

Ils estiment enfin que même si M. Junqueras n'a pas commis d'actes de violence lui-même -une des conditions de la "rébellion"- il a incité les citoyens à désobéir, "ce qui rendait prévisible avec une haute probabilité des affrontements où la violence serait apparue".

Cette question de la violence est très débattue par les juristes, certains estimant que cette condition n'est pas remplie.

La décision de la Cour a en tout cas bien des conséquences politiques: depuis les élections du 21 décembre, les indépendantistes jouissent de la majorité absolue en sièges au nouveau parlement catalan (70 sur 135) mais huit de ces députés ne peuvent pas siéger car ils sont soit en fuite en Belgique, soit en prison pour trois d'entre eux.

Au moins six de ces huit élus doivent donc trouver une solution pour permettre au bloc indépendantiste de conserver le seuil de 68 députés qui lui garantit la majorité absolue.

S'ils ne peuvent sortir de prison ou restent en exil, ils pourraient céder leur siège au candidat suivant sur la liste aux élections régionales.

Avec AFP