Bambari, ilôt de calme précaire après l'accord de paix

L'une des principales rues de Bambari, en République centrafricaine, le 25 mai 2014.

"Il est devenu rare d'entendre des détonations d'armes": A Bambari, ville du centre de la Centrafrique où des combats ont éclaté en janvier entre les Casques bleus et un groupe armé, la vie a repris son cours peu avant la signature de l'accord de paix, début février.

Sur le marché, les clients sont revenus et les vendeuses approvisionnent leurs étals. Aux terrasses des maquis, la bière coule à nouveau et en ville, les moto-taxis se sont remis à circuler sans trop de difficultés.

Mais les murs criblés de balle du centre-ville et les nombreux checkpoints tenus par les Casques bleus et les forces centrafricaines rappellent la fragilité de ce calme retrouvé: à l'extérieur de la ville, les groupes armés font toujours la loi.

"Avant, il n'y avait pas d'activité du tout, aujourd'hui cela reprend un peu, mais cela reste faible", explique à l'AFP Pierre, un chauffeur de moto-taxi.

Un constat partagé par le préfet de la région, Victor Bissekoin: "Depuis l'opération de la Minusca (Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la Centrafrique, ndlr) et les accords de Khartoum il y a eu une accalmie, même si elle reste précaire", explique-t-il.

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En janvier, la ville a été le théâtre de violents combats entre les Casques bleus et l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) - un groupe issu de la coalition à majorité musulmane de la Séléka qui a pris Bangui en 2013. Ces affrontements à Bambari ont fait au moins six morts et plus de trente blessés.

Les soldats de la Minusca ont fini par reprendre le contrôle de la ville, détruisant au passage les salles de détention et les bases tenues par les groupes armés.

"L'accord de Khartoum n'a fait que renforcer cette sécurité, depuis il est rare d'écouter les détonations d'armes", affirme à l'AFP le maire de la ville Abel Matchipata.

- Diffuser l'accord -

Un accord de paix entre Bangui et les groupes armés contrôlant une grande majorité du territoire de la Centrafrique a été négocié début février à Khartoum, puis signé à Bangui.

Les dispositions de cet accord de paix, le huitième depuis le début de la crise en 2013, sont en train d'être diffusées et vulgarisées, affirment les autorités locales et les responsables de groupes armés.

"Les responsables antibalaka (milices dites d'autodéfense) de Bangui ont appelé leurs éléments ici pour les briefer", explique le préfet.

"L'UPC a aussi fait de la sensibilisation", ajoute-t-il, précisant qu'il revient lui même d'une tournée d'information à Ippy, une ville située à une centaine de kilomètres au nord-est de Bambari.

Même son de cloche du côté des chefs de groupes armés. Depuis sa base de Bokolobo, à 60 km de Bambari, le chef de l'UPC, le "général" Ali Darassa l'atteste: "Nous restons toujours dans les engagements pris a Khartoum pour vulgariser l'accord".

Malgré cette bonne volonté affichée, le chemin semble encore long avant une paix durable. "Les groupes armés gardent leur position autour de la ville, les taxes, les amendes", reconnait le préfet.

"Je reviens d'une mission à Ippy, Tagbara, Seko et Maloum où la population a signalé beaucoup de cas de tueries et d'assassinats sur les axes", déplore de son côté le chef du bureau de la Minusca à Bambari, Bara Dieng.

- Résignation -

Deux semaines auparavant, un affrontement entre UPC et antibalaka a également eu lieu à Lioto, ville située à plus de 100 km au sud de Bambari, "créant la désolation dans la ville", raconte-t-il.

"Quand on a entendu l'attaque sur Lioto, l'état-major (de l'UPC) n'a pas demandé de mener une contre-offensive", veut rassurer Souleymane Daouda, un représentant de l'UPC.

"On a privilégié le dialogue, on a appelé les chefs du groupe adverse qui étaient aussi surpris de cette attaque, ils n'étaient pas derrière", assure-t-il.

A Bambari, le calme semble revenu, mais la population, elle, reste prudente, voir résignée.

"On attend d'abord de voir les résultats de l'accord", explique Jean-Baptiste, musicien.

Et pour cause, l'annonce début mars de la composition du "gouvernement inclusif" prévu par l'accord, a été vivement critiquée par les principaux groupes armés, estimant être insuffisamment représentés.

"On est toujours dans le processus mais il faut absolument reformer le gouvernement", insiste auprès de l'AFP, Ali Darassa, depuis sa base encadrée par une quarantaine d'hommes en uniformes et fortement armés.

Pour tenter de sauver l'accord, l'Union africaine a convoqué une réunion de suivi entre les signataires, qui s'est ouverte lundi à Addis-Abeba.

Avec AFP