Une vingtaine de partis politiques d'opposition et d'associations civiles ont formé vendredi à Bangui une coalition visant à empêcher le président centrafricain Faustin Archange Touadéra de changer la Constitution et de briguer un troisième mandat, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Nous avons mis en place un bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC)", a expliqué Me Crépin Mboli, à l'initiative de cette alliance et à la tête du parti politique d'opposition Patrie.
Le manifeste précise l'objectif des 20 partis politiques et organisations de la société civile signataires: "défendre la Constitution du 30 mars 2016 et faire échec à la tentation d'une présidence autocratique à vie".
Début juillet, des centaines de manifestants avaient exigé une nouvelle Constitution sans pour autant demander ouvertement la possibilité pour le président de faire un troisième mandat.
Or, une proposition de réforme constitutionnelle déposée à l'Assemblée nationale fin mai par un groupe de députés de la majorité fait sauter le verrou du plafond de deux mandats, selon l'opposition, et ses promoteurs pressent M. Touadéra de la faire adopter par référendum. Une révision de la Constitution par l'Assemblée doit, elle, recueillir une majorité qualifiée des deux tiers des députés.
M. Touadéra avait été réélu fin décembre 2020 avec 53,16 % des suffrages à l'issue d'un scrutin controversé, moins d'un électeur sur trois ayant eu la possibilité d'aller voter en raison de l'insécurité dans un pays en proie à une guerre civile très meurtrière depuis 2013.
Au moment du scrutin, des groupes armés qui contrôlaient alors deux tiers du pays avaient lancé une offensive pour le renverser, mais le chef de l'État a appelé Moscou à la rescousse. Des centaines de paramilitaires russes ont débarqué en renfort de centaines d'autres déjà présents depuis 2018 et aidé l'armée à repousser les rebelles.
Le Mouvement Cœurs Unis (MCU) de M. Touadéra avait tenté en mars, lors d'un "dialogue républicain" excluant la rébellion et boycotté par l'essentiel de l'opposition, d'introduire un amendement permettant au président de briguer un nouveau mandat en 2025, avant de renoncer face au tollé dans la société civile et à la réprobation de la communauté internationale.