Un accord signé "sous contraintes" a cependant dénoncé auprès de l'AFP un collectif d'opposants.
Le ministre congolais de l'Intérieur, Raymond Zéphyrin Mboulou, a supervisé la signature de cet "accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités" avec Jean-Gustave Ntondo, présenté par les autorités comme le représentant du chef rebelle, Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, qui a pris les armes en avril 2016.
L'accord a été signé dans le département du Pool à Kinkala, à 70 km au sud de Brazzaville, avant une conférence de presse dans la capitale.
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"L'accord entre en vigueur aujourd'hui" (samedi), a déclaré M. Ntondo, secrétaire général du Conseil national des Républicains (Cnr), le parti du pasteur Ntumi.
"L'accord est une bonne nouvelle à un moment où la situation économique n'est pas très bonne", a réagi auprès de l'AFP le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla.
Adversaire du régime du président Denis Sassou Nguesso, le collectif Sassoufit a cependant dénoncé "un accord sous contrainte".
"M. Ntondo était en prison, il a été libéré, il est surveillé, il n'est pas libre de ses mouvements...Il n'a pas été en contact avec ceux qui sont dans le maquis", a indiqué à l'AFP depuis Paris le porte-parole de ce collectif principalement actif sur internet, Andrea Ngombet.
"Que vaut réellement un accord signé sous la menace de la torture et de la prison ? Rien", a ajouté le collectif dans un communiqué.
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Après plusieurs mois de prison, Jean-Gustave Ntondo et l'un des porte-parole du pasteur Ntumi, Franck Euloge Mpassi, ont été libérés le 6 novembre. Ils affirment avoir été en contact avec Ntumi depuis leur libération jusqu'à la signature de l'accord.
- Huis clos médiatique -
Les "Ninjas" du Pasteur Ntumi ont pris les armes dans le département du Pool au sud de Brazzaville en avril 2016 contestant la réélection du président Denis Sassou Nguesso, qui cumule 33 ans au pouvoir dont 20 d'affilée.
La violence des rebelles et la réponse militaire de Brazzaville a eu lieu dans un huis clos médiatique total.
Le conflit a engendré des conséquences bien réelles pour l'économie malade du Congo-Brazzaville, pays pétrolier d'à peine cinq millions d'habitants touché par une sévère récession depuis que le prix du baril plafonne à 50-60 dollars.
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Le chemin de fer Congo-Océan et la route entre Brazzaville et le port pétrolier de Pointe-Noire ont été coupés à la circulation en novembre 2016 en raison de l'insécurité.
Les élections législatives n'ont pas pu se tenir dans neuf des quatorze circonscriptions du Pool en juillet dernier. Le Parti congolais du Travail (PCT) du président Sassou Nguesso a sans surprise hérité d'une confortable majorité à l'Assemblée.
Surtout, les violences ont placé 138.000 personnes dans une situation humanitaire difficile, selon les estimations.
Selon cet accord dont l'AFP a reçu copie et qui tient en deux paragraphes, le révérend Pasteur Ntumi Bintsamou Frédéric s'engage à "faciliter le ramassage des armes détenues par les ex-combattants" et à "ne créer aucune entrave" au rétablissement de l'autorité de l'Etat dans le département du Pool.
Le gouvernement s'engage lui à garantir "le processus de démobilisation, de réinsertion professionnelle, sociale et économique des ex-combattants après le ramassage des armes".
Brazzaville veut aussi garantir "la réinstallation des populations dans leurs localités d'origine" et la "libre circulation des personnes, des biens et des services dans le département du Pool".
Une commission mixte paritaire sera mise en place pour l'application de l'accord.
Le Pasteur Ntumi demandait aussi "l'arrêt immédiat des bombardements dans le Pool" et la "libération sans condition de tous les détenus politiques", affirme le porte-parole du collectif Sassoufit.
Après être déjà entré en rébellion contre Brazzaville depuis sa région du Pool de 1998 à 2003, Ntumi était ensuite devenu un notable local, avant de se rebeller de nouveau en 2016.
Deux anciens candidats à l'élection présidentielle de 2016, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, sont en prison, officiellement poursuivis "pour atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat".
Des activistes ont demandé cette semaine la libération de l'opposant Paulin Makaya, arrêté le 25 novembre 2015 pour avoir organisé une marche interdite contre le changement de Constitution, et condamné à deux ans de prison. Ses soutiens estiment qu'il a purgé sa peine.
Avec AFP