Le Congrès américain dope le budget Défense, pas un dollar pour le mur

Le Capitole abrite le Congrès, le pouvoir législatif des États-Unis, 4 avril 2017.

Les négociateurs du Congrès américain se sont mis d'accord pour doper le budget de la Défense, comme le réclamait le président Donald Trump, mais ils n'ont pas accédé à sa demande de financer la construction d'un mur à la frontière mexicaine.

Opposition démocrate et majorité républicaine ont dévoilé dans la nuit de dimanche à lundi le fruit de plusieurs semaines de complexes négociations afin de financer l'Etat fédéral jusqu'à la fin de l'année budgétaire 2017, soit jusqu'au 30 septembre.

La Chambre des représentants puis le Sénat devraient adopter ce texte avant la fin de la semaine, permettant d'éviter une fermeture des administrations centrales, celles-ci n'étant financées que jusqu'à vendredi soir à minuit.

La proposition de loi décline 1.163 milliards de dollars de dépenses pour l'année, soit un peu moins du tiers de tout le budget fédéral, les deux autres tiers (dépenses sociales, retraite...) étant en pilotage automatique, sans que le Congrès ait à approuver les dépenses.

Sur ces plus de mille milliards de dollars, la Défense en obtient 598.5, soit une augmentation de 25 milliards ou 4,5% par rapport à 2016, et de 3,8% par rapport à ce que Barack Obama avait demandé l'an dernier.

En mars, Donald Trump avait demandé une rallonge de 30 milliards par rapport à la trajectoire actuelle: les parlementaires lui en ont accordé la moitié, avec 2,5 milliards conditionnés à la présentation par le président américain d'une stratégie complète pour vaincre l'organisation Etat islamique.

Mais les démocrates, dont les voix seront nécessaires au Sénat, ont eu gain de cause sur le projet de mur frontalier, auquel ils sont totalement opposés. Aucun dollar ne pourra être utilisé pour lancer le chantier.

A la place, 1,5 milliard est prévu pour des investissements dans des technologies de sécurité à la frontière, des infrastructures tactiques et des remises à niveau. Aucune embauche d'agent d'immigration pour accélérer des expulsions n'est autorisée.

"Cette loi empêchera que l'argent des contribuables finance un mur frontalier inefficace", a claironné le chef de file des démocrates du Sénat, Chuck Schumer.

Défaite sur le mur

Le budget de la Défense inclut de nouveaux avions, hélicoptères, drones et navires et une hausse de salaire de 2,1% pour les 1,3 million de soldats américains, ainsi que 150 millions de dollars en aide létale et non-létale à l'Ukraine.

"L'Amérique sera plus forte et plus en sécurité grâce à ce budget", a déclaré le président républicain de la Chambre, Paul Ryan. "Il correspond à l'engagement du président Trump à reconstruire notre armée pour le 21e siècle et à renforcer nos frontières pour protéger notre pays".

Les démocrates ont réussi cependant à éviter les coupes draconiennes voulues par Donald Trump dans certains domaines.

Le budget de fonctionnement du département d'Etat et de l'aide étrangère est en légère baisse, mais symbolique par rapport à la réduction de 28% réclamée par le président en mars.

Egalement dans le collimateur des conservateurs et de son nouveau directeur climato-sceptique Scott Pruitt, l'Agence de protection de l'environnement (EPA) sauve les meubles, avec une réduction de 1% de son budget, qui frappera surtout les programmes de recherche et réglementaires.

Mais l'exclusion de tout crédit pour construire le mur à la frontière sud représente une véritable défaite pour le président américain, dont c'est l'une des promesses phares.

"Nous avons tout le temps qu'il faut", avait dit Donald Trump la semaine dernière, en martelant que le mur serait érigé avant le fin de son mandat. Actuellement, seule une partie des plus de 3.000 km de frontière est matérialisée par des clôtures.

La Maison Blanche avait expliqué que la planification du projet pouvait déjà commencer, et des appels d'offre ont déjà été lancés. La vraie bataille du financement aura lieu pour le prochain budget, celui de l'année 2018, qui commencera le 1er octobre.

Avec AFP