Les yeux de Rahmina Paulette, 15 ans à peine, pétillent lorsqu'elle parle de son engagement en faveur de la nature, dans les couloirs de la conférence climat COP26 de Glasgow (Ecosse) où elle est venue parfaire ses techniques de militantisme en multipliant les contacts.
Surtout, elle est venue dénoncer les effets dévastateurs de la pollution et du changement climatique sur son pays, le Kenya, et le lac Victoria sur les rives duquel elle a grandi, dans la ville de Kisumu.
Elle est aux premières loges pour constater comment, à son grand désespoir, ce plus grand lac d'Afrique que se partagent trois pays, souffre du changement climatique, de la pollution, de la surpêche ou encore de la très invasive jacinthe d'eau qui étouffe la vie aquatique.
"Ma grand-mêre me disait souvent que le lac Victoria était limpide, bleu. On pouvait même voir les poissons. Maintenant il est si sombre, brûnatre, à cause de la pollution", déplore-t-elle dans un entretien accordé à l'AFP.
"Vous pouvez voir beaucoup de plastique, beaucoup de déchets et beaucoup de poissons morts", ajoute-t-elle d'une voix assurée. Cela a généré, souligne-t-elle, de nombreux problèmes parmi la population "parce qu'elle en dépend directement".
Autour d'elle, les gens sont directement affectés, relève-t-elle, évoquant aussi des inondations.
A la COP26, Rahmima a revêtu un t-shirt de "Fridays for future", mouvement créé par la Suédoise Greta Thunberg, devenue une figure emblématique de la mobilisation des jeunes contre le dérèglement climatique. Vendredi et samedi, ces derniers espèrent se faire entendre par milliers dans les rues de Glasgow.
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"Si triste"
Comme eux, l'adolescente veut mettre les grands de ce monde face à leurs responsabilités face au changement climatique. La grande conférence de Glasgow est une occasion en or de se faire entendre.
"La chose la plus importante en étant ici, à la COP26, est de rencontrer les leaders mondiaux et pouvoir leur dire ce qu'ils devraient faire, parce qu'il y a plus d'actions à entreprendre", assène-t-elle, regrettant des promesses souvent creuses.
Malgré son jeune âge, elle n'a pas attendu pour agir, lançant une association impliquée dans le ramassage des déchets, la plantation d'arbres ou encore des campagnes de sensibilisation.
"Je pense que ma voix commence à être entendue par beaucoup de gens", se félicite-t-elle.
Pour redonner de l'air au lac Victoria, elle a également trouvé un moyen d'utiliser les jacinthes d'eau qui envahissent la surface et compliquent sérieusement les déplacements des bateaux de pêche et autres embarcations: elle les recycle en sacs, paniers ou autres objets.
L'idée lui est venue quand en 2016, un tour en bateau qu'elle voulait faire avec sa mère sur le lac a été annulé en raison de cet épais tapis vert de plantes aquatiques, arrivées au début des années 1990 dans des circonstances peu claires.
"Je suis rentrée à la maison si triste, mais j'étais très curieuse de savoir de quoi il s'agissait", se souvient-elle. Elle fait des recherches et découvre que comment la jacinthe d'eau peut être transformée.
"C'est comme ça que j'ai commencé cette activité", poursuit-elle. "Cela promeut la stabilité environnementale tout en augmentant la croissance économique au sein de l'économie bleue" liée aux ressources aquatiques.
Rahmina est aussi mannequin professionnelle, une plateforme qu'elle met à contribution pour sa cause, comme le concours "Little Miss Africa" qu'elle remporte. "Quand vous avez une couronne, cela vient avec des responsabilités", insiste-t-elle.
"Si nous n'agissons pas davantage, les futures générations ne pourront pas bénéficier de ce dont nous jouissons aujourd'hui ou de ce dont nos ancêtres ont joui", "ce sera un désastre mondial", prévient celle qui ambitionne, plus grande, d'étudier les relations internationales et de décliner des solutions concrètes "parce que je sais à quoi font face les gens, surtout les gens des zones les plus affectées".
"Si nous pouvons tous nous rassembler et lutter pour ce qui est juste, cela rendra le monde meilleur", assure l'adolescente. "Dirigeants mondiaux, s'ils vous plaît, agissez avec nous!".