Côte d'Ivoire: les anciens Éléphants jugent les tenants du titre pour la CAN 2017

Le Burkinabè Kone et l'Ivoirien Kalou lors d'un march de la CAN à Malabo, le 9 juillet 2012.

"Des chances de revenir avec le titre"; "Je ne les vois pas gagner"; Serge Aurier "devrait faire preuve de plus d'humilité": les Eléphants vont défendre leur titre à la CAN-2017 et les avis divergent chez leurs prédécesseurs, les hérosde 1992, 1er sacre continental de la Côte d'Ivoire.

Les acteurs de cet exploit au Sénégal, vainqueurs en finale du Ghana aux tirs au but, Alain Gouaméné, Basile Aka Kouamé, Oumar Ben Salah et Abdoulaye Traoré Ben Badi, ont donc des jugements partagés, entre optimisme et réserve sur les chances de la sélection à quelques jours du coup d'envoi de la compétition, samedi au Gabon, (jusqu'au 5 février).

Abdoulaye Traoré Ben Badi, attaquant vedette des Eléphants en 1992, ne se mouille pas trop. Il "espère que les jeunes loups de la génération actuelle sauront tenir la barre", mais ajoute qu'"à ce stade de la compétition toutes les équipes se valent". Mais encore ? "La différence se fera au niveau mental, donc elle a des chances de revenir avec son titre" se risque-t-il, avant de temporiser: "mais la Côte d'Ivoire n'est pas favorite à mon avis".

"En 92, c'est au mental que nous avons gagné. La sélection était composée en majorité de joueurs locaux avec 2 ou 3 professionnels, et nous avions beaucoup d'expérience", conte-t-il.

"Comportements extra-sportifs"

Que pense-t-il de Jonathan Kodjia, nouveau fer de lance de l'attaque après la retraite de Didier Drogba ? "On attend de le voir dans une grande compétition, la CAN. Il a marqué des points dans les qualifications, maintenant à lui de prouver au Gabon qu'il mérite le titre de +buteur des Eléphants+".

Basile Aka Kouamé, ex-latéral droit, auteur du dernier tir au but victorieux face au Ghana il y a 25 ans, estime lui que la génération actuelle est plus technique. Mais celle de 1992 avait du coeur "et il faut surtout du coeur au delà des notions tactiques et techniques pour défendre un titre".

Il se veut cependant optimiste. "Je pense qu'ils iront en finale, après tout est possible, j'ai foi en ces jeunes". Aka Kouamé voit dans le milieu actuel Franck Kessié "un joueur prometteur". Mais le pilier de l'épopée 1992 est sévère avec Serge Aurier: "Il devrait faire preuve de plus d'humilité".

Aka Kouamé déplore que le joueur du Paris SG ait beaucoup fait "parler de lui l'année dernière par "des comportements extra-sportifs".

Pour Oumar Ben Salah, milieu offensif en 1992, un garçon comme Max-Alain Gradel "a été un atout majeur lors du sacre en 2015. Il a une mobilité sur le terrain, une grosse activité tant au milieu que sur le côté".

"Etre tolérant avec les garçons"

"Je pense aussi qu'un garçon comme Jean-Michaël Séri est capable d'apporter de bons ballons devant. Il faut bien le positionner. Avec le soutien de deux récupérateurs, Serey Dié et Kessié, ça peut être intéressant" ajoute l'ancien Eléphant.

"Derrière aussi on n'est pas mal. En attaque, il y a Kodjia, mais il ne faut pas enterrer Kalou, il a de l'expérience. Dans l'ensemble on a une bonne équipe. J'ai bon espoir".

Alain Gouaméné, gardien de but au Sénégal en 92 et héros de la séance de tirs au but, met en garde: "La CAN est un combat épique entre pays, un combat d'honneur".

L'ex-portier estime que l'équipe actuelle se cherche. "Ce n'est pas le talent qui manque. Ce n'est jamais facile de défendre un titre. Il faudra être tolérant avec les garçons".

"Ils ne sont que onze du groupe sacré en 2015. Donc c'est un nouveau cycle qui commence. Une équipe en reconstruction. Des pions comme Yaya Touré ne sont plus là, et Gervinho, un élément essentiel est blessé, il est forfait".

"Pour moi, cette équipe n'a pas encore fait un match référence. Mais elle ne perd pas, c'est déjà bien pour un capital confiance".

Alain Gouaméné connait bien certains joueurs actuels. "Sur les 23, j'en ai 14 sous ma coupe, notamment les trois gardiens Gbohouo, Badra et Mambé". "Je les ai eu en sélection de jeunes, tout comme Adama Traoré, Bagayoko, Giovanni Sio, Gradel entre autres, je me réjouis de les voir aujourd'hui à ce niveau". Mais les voit-ils champions d'Afrique le 5 février ?

Avec AFP