L'avion, a disparu des écrans radars après deux minutes de vol alors qu'il avait atteint une altitude de 8.000 pieds (environ 2.400 mètres).
Mais "le pilote n'a transmis aucun message radio concernant des circonstances inhabituelles", a indiqué dans la nuit de mercredi à jeudi l'Organisation de l'aviation civile iranienne (CAO).
"Selon des témoins oculaires [...] un incendie a été observé dans l'avion et a gagné en intensité", ajoute le premier rapport d'enquête préliminaire de la CAO.
Lire aussi : Un Boeing 737 d'Ukraine Airlines s'écrase en Iran, au moins 170 mortsAprès ce départ de feu d'origine encore indéterminée, l'avion a changé de direction, indique le texte : il "était sur le chemin du retour à l'aéroport" quand il s'est écrasé dans un parc de loisirs de Chahriar, ville située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la métropole téhéranaise.
L'Organisation laisse entendre que parmi les témoins de l'incendie figurent des personnes au sol et d'autres à bord d'un appareil qui se serait trouvé au-dessus du Boeing au moment du début de drame.
- Experts ukrainiens en Iran -
Selon l'agence officielle Irna, une équipe d'experts urkrainiens est arrivée avant l'aube à Téhéran, où elle doit participer à l'enquête.
Le vol PS752 d'UIA avait décollé à 06h10 (02h40 GMT) de l'aéroport Imam Khomeiny de Téhéran en direction de l'aéroport Boryspil de Kiev.
Selon la diplomatie ukrainienne, se trouvaient à bord du Boeing 82 Iraniens, 63 Canadiens, dix Suédois, quatre Afghans et trois Britanniques. Onze autres étaient Ukrainiens, dont les neuf membres d'équipage.
La CAO indique de son côté que 146 passagers étaient porteurs d'un passeport iranien, dix d'un passeport afghan, cinq d'un passeport canadien, 4 d'un passeport suédois en plus des 11 Ukrainiens.
La différence s'explique par la présence de nombreux binationaux (dont a priori 140 Irano-Canadiens) qui ne peuvent entrer et sortir de la République islamique que sur présentation de leur passeport iranien.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réclamé une "enquête approfondie" sur cette catastrophe aérienne, la plus meurtrière impliquant des Canadiens depuis l'attentat contre un Boeing 747 d'Air India en 1985, dans lequel 268 Canadiens avaient trouvé la mort.
"Les Canadiens ont des questions à poser, et ils méritent d'obtenir des réponses", a dit M. Trudeau.
Pays hôte d'une importante diaspora iranienne, le Canada a rompu ses relations diplomatique avec l'Iran en 2012 en reprochant à la République islamique son soutien au gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie.
Les Etats-Unis ont de leur côté appelé à la "pleine coopération avec toute enquête sur les causes." Un avertissement à peine voilé à Téhéran, qui a dit refuser de donner les boîtes noires au constructeur américain de l'appareil, Boeing.
Mais l'OAC a indiqué sans plus de précision que les boîtes noires, retrouvées dès mercredi, seraient envoyées "à l'étranger".
Seuls quelques pays, dont les Etats-Unis mais aussi l'Allemagne ou la France, ont les capacités techniques d'analyser les boîtes noires.
La catastrophe du 737 d'UIA survient sur fond de graves tensions entre l'Iran et les Etats-Unis, et peu après le tir de missiles par Téhéran sur des bases utilisées par l'armée américaine en Irak.
- "1% de notre communauté" -
Rien n'indique cependant que ces événements sont liés et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis en garde contre toute "spéculation".
Une trentaine des victimes venaient de la région d'Edmonton, dans l'Ouest du Canada. "Nous avons perdu environ 1% de notre communauté sur ce vol", a déploré un membre de la communauté iranienne locale.
M. Trudeau s'est désolé que la catastrophe ait coûté la vie à "un couple de jeunes mariés, une famille de quatre personnes, une mère et ses deux filles, des étudiants brillants, des universitaires dévoués".
Treize victimes étaient des étudiants de l'université Sharif de Téhéran, une des plus prestigieuses du pays, selon l'agence semi-officielle Isna. Et au moins 25 des passagers étaient mineurs.
A l'aéroport de Kiev Boryspil, lors d'un hommage à l'équipage du vol tragique, Artem, jeune pilote d'UIA, a assuré que ses collègues "étaient très inquiets", et "avaient un mauvais pressentiment".
Selon la compagnie, qui a suspendu ses vols vers Téhéran, le Boeing 737, construit en 2016, avait subi il y a deux jours un contrôle technique.
C'est le premier crash meurtrier pour UIA, société qui appartient en partie au sulfureux oligarque Igor Kolomoïski, réputé proche du président Zelensky.
Boeing, touché par un scandale autour de ses 737 MAX cloués au sol depuis 10 mois, a indiqué être "prêt à aider par tous les moyens nécessaires".
Avec AFP