Le gouvernement gambien s'est dit prêt le 25 mai à faire juger, en Gambie même, l'ancien dictateur Yahya Jammeh et des dizaines de personnes accusées d'une multitude de crimes pendant ses plus de vingt ans à la tête de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest. L'ancien autocrate vit en exil en Guinée équatoriale et il n'y a aucun accord d'extradition entre les deux capitales.
Dans une déclaration lue devant la presse à Banjul, Jammeh2Justice, une coalition d'organisations de victimes et de défenseurs des droits, s'est dite "inquiète" de voir que, quelques jours après l'engagement gouvernemental à poursuivre M. Jammeh, l'actuel président Adama Barrow "a effectué une visite d'Etat en Guinée Equatoriale et n'a même pas soulevé la question de l'extradition de Jammeh".
Le président Barrow a participé à un sommet de l'Union africaine qui s'est tenu en Guinée Equatoriale du 25 au 28 mai. Il a ensuite prolongé son séjour pour une visite d'Etat de deux jours, a dit le porte-parole du gouvernement Ebrima Sankareh à l'AFP.
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M. Sankareh a indiqué que le cas de M. Jammeh avait peu été évoqué lors des entretiens avec son homologue Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, mais que les deux pays s'étaient entendus pour établir des relations diplomatiques et pour coopérer dans différents domaines, dont la justice.
Jammeh2Justice a fait état de promesses antérieures du président de Guinée Equatoriale de protéger l'ancien autocrate gambien. Mais ils ont fait valoir que son pays avait ratifié la Convention des Nations unies contre la torture et était tenu à ce titre d'extrader ou de poursuivre M. Jammeh.
"Le gouvernement gambien pourrait rendre très difficile pour la Guinée Equatoriale de résister à une demande d'extradition de Jammeh en gagnant le soutien de la Cédéao et de toute la région", en particulier de pays dont des ressortissants auraient été assassinés sur ordre de M. Jammeh, comme le Ghana, a-t-elle dit.
La Guinée Equatoriale pourrait très mal rejeter une demande émanant d'un cour soutenue par la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest), mais c'est au gouvernement gambien qu'il appartient de donner "l'impulsion" pour l'instauration d'un tel tribunal, a-t-elle dit.
Une commission qui a enquêté pendant deux ans sur les crimes commis sous l'ère Jammeh et soumis son rapport au gouvernement a dénombré entre 240 et 250 personnes mortes entre les mains de l'Etat et de ses agents. Parmi elles figure le correspondant de l'AFP et grande figure de la presse nationale Deyda Hydara, assassiné le 16 décembre 2004.