Crise des migrants : dirigeants africains et européens en sommet à Malte

Les forces de l’ordre patrouillent aux alentours du Mediterranean Conference Centre où se tient le sommet Afrique-Union européenne sur la crise migratoire à La Valette, Malte, mercredi 11 novembre 2015. (AP Photo / Alessandra Tarantino)

Plus d’une soixantaine de dirigeants se réunissent à la Valette pour tenter de régler la crise des migrants.

Les participants veulent proposer de meilleures solutions pour résoudre la crise migratoire qui a vu des centaines de milliers de personnes fuir vers l'Europe cette année.

Dans un entretien accordé au service somalien de La Voix de l’Amérique (VOA), le Premier ministre de la Somalie, Omar Abdirashid Sharmarke, qui prend part au sommet, a égrené les sujets inscrits à l’agenda.

"Nous allons discuter des causes profondes de ces migrations, de la question de la guerre, des conflits et de la pauvreté. Nous allons aussi voir comment pouvons-nous sauver des vies et examiner l’immigration légale. En fait, les causes principales de l’immigration sont bien connues : la guerre, la pauvreté, le manque d’opportunités pour les jeunes, la mauvaise gouvernance, la corruption. Tous ces problèmes contribuent à la crise, mais je pense que [ce somment] est une occasion pour les dirigeants africains et européens d’en trouver des solutions", a précisé le chef du gouvernement somalien.

L'UE abonde dans le même sens, en affirmant que le sommet porte principalement sur les raisons qui poussent de nombreux Africains à partir de leur pays d'origine, mais aussi sur les voies légales de l’immigration, le renforcement des protections pour les migrants, la lutte contre les contrebandiers et la coopération avec les pays africains pour le retour des personnes dont la demande d’asile a été rejetée.

"Qu’il s’agisse de la facilitation des visas, du déboursement des fonds de développement ou encore la lutte contre les contrebandiers, ce sommet est un sommet où doivent découler des actions concrètes et pratiques", a déclaré mardi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Dans le cadre de ces efforts concertés, l'Europe va débloquer une nouvelle enveloppe d’aide de l’ordre de 1,8 milliard de dollars en faveur pays africains. Mais les critiques s’interrogent sur la réponse européenne, affirmant que l'UE veut en fait rapatrier les migrants vers les pays qui bafouent les droits humains et qui n’offrent pas d'opportunités économiques.

M. Tusk a déclaré que l'Europe doit respecter la souveraineté des nations africaines, tout en ayant à cœur leurs préoccupations.

Environ 800.000 personnes ont effectué la traversée en mer pour rejoindre l'Europe cette année, près de quatre fois le nombre enregistré en 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations. L’Italie et la Grèce sont les points d’arrivée les plus populaires. Des 140.000 migrants qui sont arrivés en Italie cette année, la moitié sont venus de l'Erythrée, du Nigeria, de la Somalie et du Soudan.

Plus de 3.400 personnes sont décédées lors des dangereuses traversées maritimes vers l'Europe cette année. Au moins 14 personnes sont mortes noyées mercredi après le naufrage d’un bateau qui avait quitté le nord de la Turquie en mettant le cap sur la Grèce.

Les responsables du bureau européen basé à Malte pour traiter les demandes d'asile affirment que le bureau est débordé à tel point qu’il leur faudrait au moins un an pour examiner les requêtes déjà reçues et qui ne tiennent pas compte de celles des migrants qui continuent d’arriver.

Jusqu’à septembre dernier, 800.000 demandes ont été reçues et qui restent à être traitées.

Près d'un sur trois demandeurs a attendu au moins trois mois pour une décision, alors que 200.000 candidats ont attendu six mois ou plus.

Ce bureau a fait part d’un manque de personnel, les pays européens ayant dépêché à Malte moins de la moitié du personnel promis.

Pendant ce temps, le sentiment anti-migrant devient de plus en plus palpable sur le continent européen. La Slovénie, pays membre de l'UE, a entamé mercredi la construction d'une clôture de barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Le Premier ministre slovène Miro Cerar a déclaré que son pays ne fermait pas ses frontières, et a qualifié cette pose de barbelés d’«obstacles» érigés afin de diriger les migrants vers les postes frontaliers.