Créé le 4 août 1988, le Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (Cjarc) donne espoir aux mal voyants, non-voyants et aux enfants à besoins spéciaux.
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7h30. Début effectif des cours. Coco Bertin, ne déroge pas à la règle. A l’école primaire bilingue inclusive Louis Braille, la ponctualité est de rigueur.
Handicapé visuel, il est le promoteur du Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun.
"Cette salle de classe accueille exclusivement les enfants présentant un handicap. On évalue le degré de leur handicap, leurs capacités intellectuelles. C'est alors qu'on peut décider de la formation qui leur sied. Les plus brillants sont orientés dans les salles de classe inclusives aux côtés des élèves valides", fait savoir Coco Bertin à VOA Afrique.
A l’intérieur de la salle de classe dite spécialisée, 19 élèves travaillent dans une ambiance studieuse, sous la conduite de trois enseignantes.
Deux d'entre elles sont non-voyantes et l'autre est mal-voyante. Blandine, Rachetée et Esther éduquent les élèves avec passion.
Blandine, est une enseignante spécialisée. Ce matin, elle exerce les élèves à l’écriture de la date et de leur nom.
"Ce n'est pas facile de les tenir parce que tous n’ont pas le même niveau. Ils sont très sensibles avec parfois des humeurs difficiles. Si l'on s'y prend mal, ils peuvent refuser de travailler toute la journée durant", a remarqué Blandine.
Sa collègue, Rachetée, est Centrafricaine. Elle a la charge de dispenser les cours de braille, d’initiation à l’alphabet, aux syllabes et l’apprentissage des mathématiques.
Un peu en retrait, mais toujours dans la même salle de classe, l'enseignante Esther Momnougui, encadre une poignée d’élèves. La leçon du jour porte sur les jours de la semaine.
"Quand on aime son métier, on le fait avec passion", glisse t-elle, souriante. Depuis quatre ans, Esther forme sans relâche dans cette école.
L’effectif 2017 de l’école primaire bilingue inclusive est de 250 élèves. A l’ouverture de l’établissement en 2003, l’école n'avait que 16 élèves. Sa renommée aidant, certains parents envoient même leurs enfants valides y suivre des cours.
Depuis quelques années, des candidats spéciaux de l’école sont présentés aux examens officiels à l’instar de Marcelle Odile, qui a perdu la vue à l’âge de 8 ans. Elle frappe aux portes du cycle secondaire en mai prochain.
"J'ai cessé de fréquenter quand j’étais au cours moyen 2e année à cause de la maladie. Je désirais un jour reprendre le chemin de l’école. Dieu merci, mon père m'a inscrit ici pour apprendre d'abord le braille. L'an prochain je me présente au concours d’entrée en 6e ", raconte t-elle.
Si Marcelle Odile est admise au lycée, l’équipe du Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun va assurer la transcription de ses cours.
La formation en braille attire également d’autres jeunes aveugles décidés à braver leur handicap. Dans la cours de l’école, la jeune Biloa compte s’inscrire en 5e l'an prochain.
La jeune fille n'est pas née aveugle. Elle a complément perdu la vue au cycle secondaire. Chaque jour, elle passe au moins trois heures dans les locaux du Cjarc pour son initiation au braille.
Au delà de l’éducation et de la formation des jeunes aveugles et enfants à besoins spéciaux, le club nourrit aussi l'ambition de faire fabriquer la toute première canne blanche, un projet qui avance selon Coco Bertin.
"Les cannes que nous voulons fabriquer localement seront de couleur blanches et pliantes comme celles qui viennent de l'Occident. Elles vont coûter aussi moins chère et vont être adaptées au sol camerounais qui est rocailleux afin qu’elles ne s’abîment pas vite comme celles que nous achetons d’Europe », précise le promoteur du Cjarc.
La difficulté, souligne t-il, est que "le club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun est seul à s'y investir pour le moment".
Peut être va-t-il encore s'attendre aux âmes de bonne volonté, comme ce fut le cas le 30 décembre 2003, quand Chantal Biya, épouse du président du Cameroun, avait inauguré et équipé en matériel de bureau, électro- ménager, lits et literie, le bâtiment abritant le siège du Cjarc à Yaoundé, au quartier Ekié.
Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé