Début de campagne électorale pour choisir les sénateurs au Cameroun

Grégoire Owona, secrétaire-général du RDPC, à la sortie d’une réunion à Yaoundé, au Cameroun, le 11 mars 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Le 25 mars prochain, 70 nouveaux sénateurs seront élus au Cameroun pour un mandat de 5 ans. Neuf partis politiques sont en lice. Contrairement aux élections de 2013, le parti au pouvoir est mis au défi dans toutes les régions du pays.

Depuis le lancement de la campagne électorale, le 10 mars dernier, le RDPC, parti au pouvoir, ne cesse de mobiliser ses grands électeurs.

Le secrétaire-général adjoint du parti, Grégoire Owona, a présidé une réunion pour dissiper quelques remous entre militants.

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Reportage d'Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé pour VOA Afrique


"Nous ne comprenons pas pourquoi le sénateur sortant figure désormais comme sénateur suppléant sur la liste validée par le parti", a déclaré à VOA Afrique, un militant du RDPC.

Avant d’ajouter que "si ce dernier avait mal travaillé, il fallait mieux retirer son nom au lieu de l’humilier de la sorte".

Pour éviter que la situation ne divise les grands électeurs de la formation politique du président Paul Biya, il leur a été rappelé de respecter la discipline du parti.

"Quand une décision est prise par la hiérarchie du parti, tous les militants doivent de s’y soumettre. Nous avons quand même une ressortissante de notre département sur la liste des sept candidats sénateurs de la région du centre", martèle Joseph Armathé Amougou, coordonnateur départemental du RDPC dans le Nyong et So’o.

Battre le parti au pouvoir dans son fief

Deux partis de l’opposition vont affronter la liste du parti présidentiel dans la région du Centre. Il s’agit de l’union des populations du Cameroun (UPC) et l’union pour la démocratie et le progrès (UNDP).

L’UNDP a même désigné une femme comme tête de liste pour les élections sénatoriales dans cette région.

Marie Jeanne Abega, unique femme tête de liste pour les sénatoriales dans la région du centre du Cameroun, le 11 mars 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

En quête des voix, des grands électeurs, Marie Jeanne Abega dit vouloir briser un mythe politique cette année.

"Nous avions marre de ces pratiques de consignes de vote qui sont données aux conseillers municipaux en faveur d’une formation politique. Nous sommes en 2018, les choses doivent changer. Il faut que les grands électeurs sachent qu’ils opèrent des choix qui vont engager la nation. C’est pourquoi, j’ai foi qu’ils vont m’écouter", dit Marie Jeanne Abega

Certaines formations politiques de l’opposition au Cameroun comme le MRC, l’APF, le parti Univers, ont décidé de boycotter les élections sénatoriales.

Le collège électoral manque de légitimité "puisque ce sont les conseillers municipaux sortants qui vont élire de nouveaux sénateurs", avait décrié le responsable de la communication du MRC.

Polémique sur les restrictions dans les médias

Pour leur part, les médias camerounais sont sous restrictions du conseil national de la communication pendant la campagne électorale.

Lors d’un point de presse, Peter Essoka, président du Conseil national de la communication avait avisé.

Peter Essoka, président du Conseil national de la communication, au Cameroun, le 11 mars 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Tout appel direct ou indirect à la sécession est prohibé. Tout message de soutien aux sécessionnistes doit être sanctionné. Des cas de dérives aux directives ainsi données pourraient être sanctionnées", a annoncé M. Peter Essoka.

Mais, une polémique a démarré après l'annonce du Conseil national de la communication de vouloir suspendre des émissions politiques pendant la période de la campagne, ce qui est loin d'être une première au Camerou.

Cette fois, le syndicat national des journalistes du Cameroun a appelé les journalistes à ne pas "respecter cette mesure".

Certains responsables des médias privés au Cameroun ont même trouvé incongru une telle initiative.

Eric Boniface Tchouakeu, chef station radio Siantou à Yaoundé, au Cameroun, le 11 mars 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"On nous interdit même de produire des émissions de débat politique. C’est tout le contraire de ce que nous voyons ailleurs. Nous connaissons tous le principe de l’équilibre des plateaux pendant une campagne électorale. Cette décision suspend quatre programmes phares sur nos antennes", regrette Eric Boniface Tchouakeu, chef de chaîne de radio Siantou, le principal média privé à Yaoundé.

Face à la montée de la polémique, le ministère de la Communication a dû recadrer le conseil national de la communication.

Le gouvernement a précisé que seuls les médias de service public sont tenus de se conformer à la suspension provisoire des émissions de débats politiques.