Début de l'examen par la Cour suprême de recours contre la présidentielle au Kenya

Les juges de la Cour suprême kenyane lors d’une audience sur le recours de l’opposition contre les résultats de la présidentielle à Nairobi, Kenya, 28 août 2017.

La Cour suprême kényane a commencé à examiner deux recours visant à obtenir l'annulation de l'élection présidentielle du 26 octobre, remportée par le sortant Uhuru Kenyatta avec 98% des voix et boycottée par l'opposition.

La plus haute juridiction kényane revient ainsi sur le devant de la scène. Le 1er septembre, elle avait invalidé pour "irrégularités" le scrutin présidentiel du 8 août, pour lequel M. Kenyatta avait déjà été déclaré vainqueur, déclenchant une longue crise politique.

La Cour suprême a décidé d'examiner de concert les deux recours, déposés par un homme d'affaires et ancien député, John Harun Mwau, et deux responsables d'ONG, Njonjo Mue et Khelef Khalifa.

M. Mwau estime que la Commission électorale (IEBC) aurait dû procéder à une nouvelle sélection de candidats, après l'annulation de la première élection.

MM. Mue et Khalifa arguent d'un manque d'indépendance de la Commission électorale, qui ne permettait pas selon eux à cette dernière de garantir un scrutin libre et équitable.

Une semaine avant le scrutin, le président de l'IEBC en personne, Wafula Chebukati, avait avoué s'estimer incapable de garantir l'équité de l'élection et dénoncé des "interférences" politiques. Il avait ensuite changé d'avis, jugeant que les conditions étaient réunies pour l'organiser.

"La Cour doit se demander si une telle élection est conforme à l'esprit et à la lettre de la Constitution", a déclaré l'une des avocates de MM. Mue et Khalifa, Julie Soweto.

Les six juges, dirigés par le président de la Cour suprême, David Maraga, ont jusqu'à lundi pour annoncer leur décision.

La Cour a repoussé à plus tard l'examen d'un troisième recours, déposé par un organisme proche du pouvoir, qui reproche aux dirigeants de l'opposition d'avoir commis des "infractions électorales" en s'efforçant d'empêcher la tenue de l'élection dans certains de leurs fiefs.

Dès sa réélection, le président Kenyatta avait dit s'attendre à ce que sa victoire soit "probablement encore une fois soumise au test constitutionnel via (les) tribunaux". Il avait cependant affirmé qu'il s'y soumettrait "quels qu'en soient ses résultats".

Son large succès en nombre de voix a été terni par la faible participation (38,8%), en très forte baisse par rapport au scrutin du 8 août (79%), amenant les observateurs locaux à questionner sa légitimité.

L'opposition, emmenée par Raila Odinga, avait boycotté l'élection du 26 octobre, en estimant qu'elle ne pouvait être crédible, les réformes qu'elle avait réclamées au sein de l'IEBC n'ayant selon elle pas été menées à bien.

Après l'annonce de la victoire de M. Kenyatta, l'opposition a formé un mouvement de "résistance", qui a appelé au boycott d'entreprises proches du pouvoir, et promis d'organiser des manifestations et de mener une campagne de désobéissance civile.

Avec AFP