Dernier jour de campagne avant le référendum historique sur l'avortement en Irlande

Un femme marche devant un graffiti pro avortement dessiné par l'artiste 'Subset', le 25 mai 2018 à Dublin, Irlande.

Au dernier jour de la campagne avant le référendum qui pourrait aboutir à une libéralisation historique de la règlementation très restrictive sur l'avortement en Irlande, chaque camp s'activait jeudi pour tenter de convaincre les nombreux indécis.

Les derniers sondages publiés donnaient le camp du Oui en tête, mais son avance s'est réduite ces derniers jours. Mais les indécis représentaient encore un électeur sur six.

Sur Grafton Street, la principale artère commerçante de la capitale, un groupe de militantes en faveur de la libéralisation, habillées avec de grandes ailes blanches, tente de persuader les passants de voter Oui.

"Je suis vraiment optimiste, je pense que les gens ont compris que la règlementation irlandaise était cruelle, et qu'on doit y mettre fin", déclare à l'AFP Ailbhe Smyth, la co-directrice de la campagne Together for the Yes (Ensemble pour le oui).

Le référendum propose d'abroger le huitième amendement à la constitution, qui établit "le droit à la vie de l'enfant à naître, en tenant compte du droit égal à la vie de la mère". Dans les faits, il interdit l'avortement, même en cas de viol, d'inceste ou de malformation du foetus. Une exception a été introduite en 2013, permettant une interruption de grossesse en cas de risque mortel pour la mere.

- 'Proposition extrême' -

Dans les rues de Dublin, les passants sont nombreux à arborer des autocollants ou des badges épinglés sur leurs vêtements, affichant leur conviction sur ce sujet qui divise encore profondément une société empreinte de catholicisme.

Devant le parlement, quelques supporters du Non se sont réunis avec de larges pancartes, pour défendre la législation actuelle. Si le Oui l'emporte, le gouvernement doit proposer une réforme pour autoriser l'avortement dans les douze premières semaines de grossesse, et jusqu'à 24 semaines en cas de risque pour la santé de la mère.

"Notre gouvernement propose l'avortement à la demande, sans aucune restriction pendant douze semaines, et même pendant six mois pour des raisons de santé indéfinies", s'insurge Katie Ascough, porte-parole de la campagne "Love for Both" (L'amour pour la mère et l'enfant). "Je suis confiante dans le fait que les Irlandais rejetteront cette proposition extrême".

- 'Opportunité unique' -

Le Premier ministre Leo Varadkar, qui avait fait de la tenue de ce référendum une promesse de campagne, s'est lui engagé en faveur du Oui. "C'est une opportunité unique dans une vie" de changer la règlementation, a déclaré ce médecin de formation à la radio Newstalk.

Il a rappelé que depuis l'introduction, en 1983, du huitième amendement à la constitution irlandaise, près de 170.000 femmes se sont rendues à l'étranger pour avorter. Son parti, le Fine Gael, n'a néanmoins pas donné de consigne de vote.

Le député d'opposition Peadar Toibin, membre du Sinn Féin, prenant le contre-pied de son parti ,s'est lui clairement affiché contre toute libéralisation. "Cela permettra l'avortement dans les cas difficiles, ainsi que pour 10.000 bébés en bonne santé, chaque année. C'est une loi très mal élaborée, qui coûtera tellement de vies. Votez non", a-t-il appelé sur Twitter.

Sur une douzaines de petites îles irlandaises de l'Atlantique, rassemblant près de 2.000 habitants, les opérations de vote ont commencé jeudi, pour s'assurer que les bulletins soient rapatriés à temps, sous escorte, dans les centre de comptage.

vendredi, les bureaux de vote resteront ouverts de 7h00 (6h00 GMT) à 22h00 (21h00 GMT). Le décompte des voix aura lieu samedi, et le résultat devrait être annoncé dans la soirée.


Avec AFP