Les assassinats de ces cinq hauts responsables, qui s'inscrivent dans le cadre de la crise politico-ethnique que traverse le pays et qui a déjà fait plus de deux millions de déplacés, ont plongé l'Ethiopie dans l'émoi.
Les autorités ont qualifié ces événements de "tentative de coup d'Etat" contre le gouvernement de la région Amhara (nord-ouest), une des neuf régions du pays dessinées sur les bases d'un fédéralisme ethnique. Cette théorie est toutefois mise en doute par de nombreux observateurs.
A Bahir Dar, où le président de la région Amhara Ambachew Mekonnen, un de ses conseillers et le procureur général de cette région ont été tués samedi par un "commando armé", des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées mercredi dans le stade de la ville, drapés pour la plupart dans des tissus traditionnels blancs.
Lire aussi : Funérailles en Ethiopie pour le chef d'état-major assassiné"Nous nous souviendrons pendant des générations de ceux qui sont tombés, pour leur contribution à la région et au pays", a déclaré le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen, lui-même issu de l'ethnie Amhara. "Nous découvrirons les mobiles et les intérêts de ceux qui ont commis cette acte barbare".
M. Demeke a ensuite déposé des fleurs devant les cercueils des trois hommes, tués selon les autorités par un "commando armé" obéissant au chef de la sécurité de la région Amhara, Asaminew Tsige, un ethno-nationaliste qui se serait trouvé sur la sellette notamment pour avoir ouvertement entrepris de former des milices ethniques. Asaminew Tsige a été tué lundi par la police.
Une fois terminée la cérémonie dans le stade, les trois cercueils doivent être emmenés vers une église orthodoxe pour un office religieux.
Lire aussi : Troubles en Ethiopie: deuil national après des assassinats politiquesA plusieurs centaines de kilomètres de là, à Mekele (nord), des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour honorer le chef d'état-major de l'armée nationale, tué samedi par son garde du corps à son domicile d'Addis Abeba alors qu'il menait l'opération de réponse à l'attaque de Bahir Dar. Hommage était également rendu à un général à la retraite qui lui rendait visite et qui a également été tué.
Les deux généraux avaient déjà été honorés mardi lors d'une cérémonie à Addis Abeba lors de laquelle le Premier ministre réformateur Abiy Ahmed avait ouvertement pleuré. Leurs cercueils avaient ensuite été transportés vers Mekele, dans leur région natale du Tigré. Ils doivent être inhumés mercredi.
Les autorités accusent Asaminew Tsige d'être responsable des deux attaques.
Abiy Ahmed s'est efforcé depuis son entrée en fonction en avril 2018 de démocratiser le pays, légalisant des groupes dissidents et améliorant la liberté de la presse. Cet assouplissement a également permis une expression plus libre des tensions intercommunautaires et nationalismes ethniques.