Des élections générales pour amorcer le départ de Raul Castro

Le président cubain Raul Castro s'adresse à l'Assemblée nationale à la Havane, Cuba, le 27 décembre 2016.

Les Cubains élisent dimanche le Parlement dont sera issu le mois prochain le successeur du président Raul Castro, un remplacement qui fera basculer la grande île caribéenne dans une nouvelle ère.

Ces élections générales sont les premières à se tenir depuis le décès, survenu fin 2016, du père de la révolution cubaine Fidel Castro. Mais elles constituent surtout une étape cruciale vers la fin de près de 60 années de pouvoir sans partage des frères Castro.

Le processus singulier de ces élections générales se répète tous les cinq ans. Un total de 605 candidats ont été investis pour autant de sièges de députés, mais ils doivent tout de même être élus. Un total de 1.265 délégués provinciaux doivent également être validés par huit millions d'électeurs cubains âgés de plus de 16 ans.

Le 16 avril, les députés élus dimanche désigneront parmi eux les 31 membres du Conseil d'Etat ainsi que le président de cet organe exécutif suprême qui succédera à Raul Castro. Agé de 86 ans, ce dernier est résolu à passer la main 12 ans après avoir pris la suite de son frère aîné.

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Ce changement de président "est un défi mais il obéit à la loi naturelle. Nous sommes vieux et nous devons prendre notre retraite", soulignait dimanche devant un bureau de vote de La Havane le lieutenant-colonel à la retraite Rigoberto Celorio, âgé de 82 ans.

Avec la nouvelle génération "on espère avoir les mêmes droits, la santé, l'éducation, mais aussi que les réformes continuent", espérait de son côté Lourdes de la Caridad Martinez.

Au moment de voter, les membres du gouvernement ont rappelé que ce changement n'était pas voué à bouleverser l'orientation du régime castriste. "Il y aura une dimension de renouvellement, mais aussi de continuité", a notamment déclaré aux médias officiels le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.

Dauphin à confirmer

Dans l'attente d'une éventuelle confirmation ces prochaines semaines, c'est le premier vice-président et numéro deux du gouvernement, Miguel Diaz-Canel, 57 ans, qui semble le mieux placé pour assumer les plus hautes fonctions au Conseil d'Etat cubain.

S'il est désigné, cet apparatchik né après la révolution devra asseoir son autorité, consolider les bases du régime et poursuivre l'indispensable "actualisation" du modèle économique de l'île esquissée par le cadet des Castro. Des charges lourdes pour un ingénieur de formation au profil plutôt discret.

En participant à ce scrutin, "nous donnons une continuité, nous réaffirmons, nous confirmons, nous consolidons, nous défendons" le système révolutionnaire, a insisté ce dernier après avoir voté à Santa Clara, dans le centre du pays

Raul Castro, qui a voté tôt dimanche à Santiago de Cuba, berceau de la révolution castriste, continuera de veiller sur le pays, puisqu'il restera à la tête du tout puissant Parti communiste de Cuba (PCC) jusqu'au prochain congrès prévu pour 2021, l'année de ses 90 ans.

Au terme de ce scrutin dont les chiffres complets seront connus lundi, l'Assemblée nationale sera renouvelée à plus de 50%, puisque 338 députés étrenneront leur siège. Mais la plupart des caciques du PCC et du gouvernement doivent conserver leurs mandats.

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Fait notable, la présence des femmes sera encore accrue et atteindra cette fois 53% des députés. L'île fait déjà partie des champions mondiaux en la matière avec 48% de députées dans l'actuelle législature.

A Cuba, la participation aux élections avoisine habituellement les 90%. Le vote n'est pas obligatoire mais il est vivement encouragé par les autorités.

Privée de candidats, sans accès aux médias contrôlés par l'Etat et le PCC, l'opposition conteste ces élections qu'elle juge biaisées et regrette l'absence de suffrage présidentiel direct.

Des groupes tels que "Cuba decide" ont appelé leurs partisans à voter blanc ou noircir leurs bulletins de slogans contestataires.

En Floride, plusieurs parlementaires anti-castristes, dont le sénateur Marco Rubio, ont pris les devants samedi pour demander au président Donald Trump, déjà en froid avec La Havane, de "considérer le successeur de Castro comme illégitime face à l'absence d'élections libres, justes et multipartites" sur l'île.

Avec AFP