Des Femen jugées pour "exhibition sexuelle" en France

Arrestation d'une féministe Femen lors d’un meeting électoral de Marine Le Pen à Henin-Beaumont, France, 7 mai 2017.

Quatre militantes féministes ont comparu devant un tribunal parisien pour "exhibition sexuelle" lors de deux actions menées poitrine nue fin 2016: une accusation "archaïque" pour les Femen.

"Mon torse n'est pas obscène, ce qui est obscène, c'est le patriarcat et l'homophobie. Je ne suis pas une criminelle, j'utilise mon corps à des fins politiques: je suis féministe", a déclaré à la barre Sophia Antoine, une des militantes.

Toutes les quatre sont poursuivies pour avoir manifesté à Paris, seins nus et peints, le 16 octobre 2016, contre des opposants au mariage homosexuel.

Le procureur, pour qui "il n'a jamais été question de contester un engagement ou la liberté de manifester", a demandé "l'application de la loi" qui considère que "l'exhibition de la poitrine de la femme est une exhibition sexuelle".

Il a requis une peine de 50 jours-amende à 10 euros (soit 500 euros) à l'encontre de chacune des militantes. Leurs avocats se sont dits choqués par des poursuites et des réquisitions "contre le féminisme" et contre une "liberté d'expression utilisée aussi au nom de l'intérêt général".

"Utiliser le corps des femmes à des fins commerciales, c'est oui. L'utiliser à des fins politiques, c'est non", a déploré Me Valentine Reberiaux, dénonçant une "hypocrisie pure et simple".

"Aujourd'hui un homme qui utilise son corps à des fins politiques n'est pas poursuivi, une femme si", a déclaré à l'audience Sophia Antoine, rappelant une manifestation d'hommes entièrement nus, venus revendiquer des droits devant la ministre de la Culture et qui n'avait donné lieu à aucune poursuite.

Les irruptions des Femen, seins nus, lors de manifestations, les ont déjà menées à plusieurs reprises au tribunal en France. Elles ont souvent été relaxées du délit d'exhibition sexuelle.

Le jugement a été mis en délibéré au 28 juin.

Avec AFP